CHAPITRE II

Poulaillers des parquets. — Constructions. — Fermetures. — Hangars.

Fleuron

On a vu que tous les matériaux employés jusqu'ici dans l'établissement des parcs sont de nature grossière. Il doit en être ainsi dans la construction des poulaillers, des hangars, etc., chaque fois que la chose est possible. Tout prend alors un aspect rustique bien mieux approprié à sa destination, bien plus gai que des constructions trop régulières ; et les frais sont de beaucoup réduits.

Les poulaillers doivent être appliqués contre le mur exposé au levant, et construits le plus simplement et au meilleur marché possible. Au midi, la chaleur serait insupportable et protégerait d'ailleurs la pullulation des mites, insectes qui jouent chez les volailles un rôle encore plus horrible que celui des punaises dans certaines habitations des hommes. Nous parlerons plus tard de cet effrayant parasite, qui a sur la conscience des hécatombes de poules, et nous indiquerons les meilleurs moyens de s'en débarrasser. L'exposition au nord est trop fraîche et donne de l'humidité ; au couchant, le soleil viendrait inutilement le soir. Quoique les poulaillers des parcs soient destinés à ne contenir que peu de poules, ils doivent être assez grands pour être bien aérés ; on peut les construire soit en planches, soit en maçonnerie, soit enterre et pierraille ; les parois intérieures doivent toujours être unies, afin d'éviter les cavités qui recèlent les mites. Ces précautions, toujours bonnes à prendre, sont indispensables lorsqu'on a des animaux d'une grande valeur à préserver.

Pressoir.

Fig.5 — Mode de construction d'un poulailler.

On établit d'abord une charpente légère en bois grossier. De simples assemblages à mi-bois sont plus que suffisants, les tenons et mortaises étant tout au plus utiles dans l'huisserie de la porte. La charpente est composée de quatre montants fichés en terre ; un des deux montants appliqués aux murs forme un des côtés de l'huisserie, et reçoit les trois charnières de la porte. Ces deux montants A (fig. 5) sont fixés en haut chacun par une patte scellée dans le mur. Ils ont 2,33  ;m hors terre ; les deux autres montants fichés en terre, à 1,50  ;m du mur B, n'ont que 1,33  ;m hors terre, afin d'établir une grande pente pour l'écoulement des eaux. Deux traverses C sont fixées par de longs clous sur les montants A et B, et deux planches D, clouées à chaque bout, maintiennent le tout. On place l'huisserie de la porte, et les trois côtés sont remplis par des croûtes placées en travers et clouées sur les faces extérieures des montants. On n'oubliera pas de donner à ces murailles 25 centimètres de fondations, et de faire à la porte un seuil également enfoncé de 25 centimètres, afin d'empêcher le passage des animaux nuisibles. On latte avec écartement ces croûtes, en dehors et en dedans, on recouvre d'enduits lisses en plâtre à l'intérieur, et en mortier de chaux à l'extérieur.

On fait la toiture en planches grossières, recouvertes de larges couvre-joints en croûtes.

Des ouvertures grillées, dont la maille doit être de 2 centimètres, sont ménagées, l'une dans la face tournée au soleil levant, aussi haut que possible, l'autre dans la partie haute de la porte, afin d'avoir toujours un bon courant d'air, et on y fixe, soit par des charnières, soit par des coulisseaux, des châssis vitrés qui servent à boucher ces ouvertures pendant les grands froids, et qui laissent suffisamment pénétrer le jour. La porte doit avoir au moins 1,80  ;m de haut et 60 centimètres de large. Les toits peuvent être construits en chaume de paille ou de roseaux,-couverture champêtre, chaude pour l'hiver et fraîche pour l'été.

Il est bien entendu qu"on peut construire les poulaillers de bien des façons ; mais voici une manière excellente et peu coûteuse, qui convient également pour faire les murs d'adossement ou toute autre muraille (fig. 6). Cette construction, extrêmement économique et trèssaine, peut servir encore à établir de petits bâtiments d'habitation.

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Fig.6 — Construction d'un mur de poulailler.

On pratique, sur remplacement des murs qu'on doit construire et entre les pièces de charpente, une tranchée de 25 à 40 centimètres de profondeur, et d'une largeur égale à l'épaisseur du mur désiré. On pique dans cette tranchée, de 50 en 50 centimètres, de fortes croûtes A dressées à la hache sur les côtés, la largeur étant en travers et représentant à peu près l'épaisseur de la muraille projetée. On comble la tranchée de pierrailles de toutes grosseurs, liées par un mortier de terre argileuse ; et, une fois les croûtes fixées, on cloue, du côté intérieur, des croûtes minces B, de celles qui sont levées sur les chevrons, et qui, rendues, coûtent cinq francs les 100 toises. Ce côté garni de ces croûtes placées à distance double de leur largeur, on passe de l'autre côté, et l'on cloue deux ou trois autres croûtes, en commençant par le bas. Alors on remplit l'espace existant entre ces croûtes C et celles B du bas de la face intérieure, de pierrailles jetées au hasard par couches et reliées par de la terre argileuse. Lorsque cette partie est faite, on cloue do nouvelles croûtes au-dessus ; on remplit encore, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on soit en haut. Une fois les murs ainsi construits, on cloue en travers toutes sortes de bouts de bois ou de lattes grossières, et l'on applique des deux côtés un bon enduit de mortier de chaux. On conçoit facilement que ces murs légers ont besoin de peu de fondations ; on peut leur donner les dimensions que l'on désire, en proportionnant la force de la charpente à la hauteur des murs, et la largeur des croûtes servant de montants à l'épaisseur qu'ils doivent avoir. Ces murs, je le répète, sont trèssains, trèséconomiques, et excellents pour toutes sortes de bâtiments . Les couvertures doivent être légères, en planches ou en chaume de roseaux. J'ai fait.construire de cette façon un bâtiment de 8 mètres de long sur 5 de large et 3 de haut ; il m'est revenu à 400  ;fr 1  ;623  ;€. On sait qu'un bâtiment de cette dimension, en pierre, en coûterait 4  ;000  ;fr (16  ;228  ;€).

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Fig.7 — Loquet de porte de poulailler.
J'ai dit que je donnerais la figure d'un loquet, que j'appellerai loquet de sûreté ; il est fort simple et presque primitif. Il exige, il est vrai, qu'à chaque fois qu'on entre ou qu'on sort on le lève et l'abaisse ; il n'a pas la faculté de retomber seul par l'effet de son propre poids ; mais il n'a pas l'inconvénient d'être souvent détraqué, de laisser ouverte la porte que l'on a cru fermer, de façon à donner entrée, après votre départ, aux animaux nuisibles dans les cabanes ou à laisser passer les poules qui cherchent à s'évader des parcs. Deux bandes de fer ou de fonte A (fig. 7) de 15  ;cm à 20  ;cm de long, l'une d'un côté, l'autre de l'autre côté de la porte, sont tenues par un boulon rond trèsépais B, qui traverse la porte, est rivé d'un bout à l'une d'elles, et serré à l'autre dans un trou carré par un écrou C. Un petit bout de bois D est cloué sur la porte même, de chaque côté, à l'endroit où il doit reposer, et non sur le montant qui reçoit la porte ; un autre bout de bois E reçoit le loquet lorsqu'on le lève, afin qu'il ne fasse pas le tour. Un renflement quelconque F sert à le saisir facilement. Si la partie du montant qui se trouve en face du loquet est de la même épaisseur que la porte, le loquet joue, et la porte ne peut être ouverte que par une force intelligente. Si le montant, ce qui arrive souvent, est plus épais que la porte, il faut y pratiquer, au bec-d'âne, un trou quart-circulaire G, pour donner passage à la pièce intérieure du loquet.

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Fig.8 — Loquet à trou dans sa baie ou mortaise.
Il y a encore une fermeture plus simple et aussi sûre, c'est celle que j'emploie chaque fois que rien ne s'y oppose. Elle consiste à pratiquer dans la porte, assez haut pour qu'un enfant n'y puisse atteindre, un trou par où l'on puisse passer le bras, afin de lever un loquet placé en dedans ; ce loquet est tout bonnement un bout de bois fixé dans la porte avec une vis, de façon qu'en s'abaissant il puisse, quand la porte est fermée, entrer dans une baie pratiquée au bec-d'âne sur l'épaisseur du poteau d'huisserie (fig. 8) ; ou, si la porte est de niveau avec l'huisserie, dans une gâche fabriquée de trois petites pièces grossières de bois (fig. 9).

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Fig.9 — Loquet a trou dans sa gâche en bois.
On peut voir sur le croquis (fig.10) combien il est aisé de faire manœuvrer cette serrure, qu'on fait tout aussi facilement mouvoir quand on se trouve à l'intérieur du parc et qu'on veut s'y enfermer.

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Fig.10 — Main ouvrant le loquet.
Lorsqu'on redoute que des animaux de toute petite race s'évadent par cet endroit, on place tout simplement en dedans du parc et pendue devant le trou avec deux ficelles, une petite planchette bat- tante (fig. 11).

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Fig.11 — Planchette du loquet à trou.
Un hangar rustique est aussi fort nécessaire dans un parquet (fig. 12). On le placera où l'on voudra ; mais il vaut mieux le disposer près du poulailler, à la même exposition, avec une rallonge étroite qui le relie au poulailler. Cette rallonge ménage aux poules, pendant les pluies, un passage du poulailler au hangar, maintient la porte sèche, et ne gêne pas les personnes qui entrent dans le poulailler.

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Fig.12 — Hangar rustique
Le hangar sert à donner aux animaux un refuge contre la neige, la pluie, etc. Le terrain doit en être élevé, et, en hiver, il est bon de le couvrir d'une bonne couche de fumier, où les poules trouvent une douce chaleur pour leur corps et leurs pattes, ainsi qu'une distraction dans la recherche des vermisseaux et autres substances qu'elles y peuvent découvrir. Le fumier doit être souvent retourné, et tous les mois il faut en mettre de nouveau.