CHAPITRE VII

Couvées. – Repas des couveuses.

Boîte à transporter les poussins.

Éclosion.

Fleuron

De quelque espèce qu’elle soit, la poule prête à couver décèle sa disposition par un petit cri répété, qu’on peut assez bien rendre avec les syllabes cloc-cloc. Elle reste plus longtemps au nid pour donner les derniers œufs de sa ponte, se hérisse quand on l’approche, et finit par garder obstinément le nid.

Quand la rage de couver est très décidée, il faut que la poule soit bien sauvage pour ne pas se laisser prendre dans le pondoir, qu’elle défend, dans ce cas, à coup de bec : elle est bonne alors à mettre à l’essai. On la prend et on la porte au couvoir ; on place au fond du premier panier trois ou quatre œufs nuls sur lesquels on écrit à l’encre œuf d’essai, et que l’on garde pour ce service. Quand la poule est farouche, on ferme tout, afin qu’elle se trouve à peu près dans l’obscurité. On la place sur ses œufs, la tête tournée vers soi ; on ferme le panier, et le morceau d’étoffe est placé sur le couvercle. Si la poule est douce, elle prend le nid sans qu’il soit besoin de la mettre dans l’obscurité. En tout cas, il ne faut jamais qu’un demi-jour dans le couvoir.

On laisse la poule mise ainsi à l’essai jusqu’au lendemain dans une solitude complète. Le jour suivant, à huit ou neuf heures du matin, mais toujours à heure fixe, après être entré dans le couvoir, on ferme à peu près tout, et le couvercle du panier est levé avec précaution ; si la poule est douce, elle reste en se hérissant ; si elle est sauvage, elle essaye de fuir ; mais on glisse adroitement les mains en maintenant le couvercle ; on la saisit, on la porte à la mue, et, son repas achevé, elle est replacée dans son panier de la même façon que la veille.

Au bout de quelques jours, la plus farouche se laisse prendre sur ses œufs, qu’elle ne pense plus qu’à défendre. En peu de temps, on doit s’apercevoir si l’on s'est trompé, et remettre, en ce cas, la poule dans son parc.

Les œufs que la poule doit définitivement couver ne lui sont jamais donnés avant qu’elle se soit montrée dans une bonne disposition complète. Un peu d’habitude met, au reste, bien vite au courant la personne chargée de cette occupation.

Quand on n’a qu’une seule poule en état, il faut bien se garder, à moins d’un cas tout particulier, de lui donner les œufs qu’elle doit faire éclore. Il faut attendre qu’il y ait au moins trois ou quatre couveuses bien assurées, et, quand il s’en présente beaucoup, il faut en avoir six, mais pas plus à la fois. Alors, quand on est bien sûr de ses poules, un même jour on retire, pendant le repas, tous les œufs d’essai, on regarde si la paille est bien arrangée, et l’on place dans chaque panier les œufs destinés à chaque poule.

Les carrés de papier, pris dans le tiroir, servent d’étiquettes sur lesquelles on inscrit le nombre des œufs, les noms d’espèces et la date de la mise à couver. L’étiquette est attachée par une ficelle au panier sur le côté qui fait face. Il suffit de mettre sur le papier l’inscription suivante :

13 OEUFS – COCHINCHINE NOIRE.

Sous la poule du 18 avril.

Avec cela il est toujours facile de surveiller les éclosions et de se tenir prêt à tout.

Les poules sont alors mises en ordre, chacune dans son panier, et il n’y a plus rien à faire jusqu’au le lendemain à la même heure. Les couveuses ne doivent jamais être dérangées dans la journée. On peut donner un coup d’œil par hasard, mais il ne faut que dans les cas absolument forcés aller les regarder dans leurs paniers.

On continue à mettre toujours les poules par séries de six au plus, en laissant deux ou trois jours d’intervalle. Toutes ces précautions sont prises pour des motifs que nous ferons connaître plus tard.

Repas des couveuses

Nous supposerons qu’on soit en pleine couvaison, et que vingt-quatre couveuses fonctionnent. Une demi-heure avant de sortir les poules, la mue aux repas est visitée, quoique nettoyée de la veille. On met, pour chaque couveuse, à boire dans une augette et à manger dans une autre. Le manger consiste en blé et avoine mêlés, ou en orge et sarrasin, ou enfin en toutes espèces de graines avec lesquelles on nourrit habituellement les poules dans chaque pays ; on ajoute un peu de verdure, salade, mouron ou tête de navets, etc., tous les deux ou trois jours.

Quand tout est bien en ordre, on entre dans le couvoir, on ouvre le premier panier, on saisit la poule et on la passe à l’enfant, qui la porte à la première case de la mue ; puis on place le morceau de laine sur les œufs.

Après avoir renfermé le couvercle du premier panier ; on passe au second ; la seconde poule est prise et remise à l’enfant, qui est revenu ; l’enfant la porte à la seconde case, et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les cases soient occupées.

Il faut surveiller les poules, dont quelques-unes sont si ahuries qu’elles ne bougent pas d’où on les a posées, et ne mangeraient pas si on ne les secouait un peu, au moins les premiers jours. Il arrive même que certaines ne mangent pas à travers les barreaux, mais ce cas est rare ; on leur jette alors du grain par terre, à l’intérieur. Pendant le repas, on visite les paniers pour voir si les poules n’auraient pas fienté, accident qui arrive quelquefois dans les premiers jours, ou si un œuf n’aurait pas été cassé par une couveuse maladroite. Dans ce cas, on retire les œufs, qu’on met dans une boîte bien close ; on enlève les saletés, et, s’il le faut, on refait le nid complètement, après quoi on replace les œufs. On visite la place du panier pour voir se le contenu de l’œuf cassé a passé à travers la paille, auquel cas la place est nettoyée.

Quand la première poule est restée quinze à vingt-cinq minutes, suivant que le temps est froid ou chaud (considération à ne pas oublier pour les œufs), elle est prise par l’enfant, qui la rapporte et la remet à la personne chargée des couvées. La poule est placée sous le bras, la tête en arrière, mais jamais en bas. On visite les pattes, et, s’il s’y était attaché de la fiente, elles seraient nettoyées avec un torchon grossier.

Pendant que la poule est visitée et replacée, l’enfant en rapporte une autre, pour laquelle on a les mêmes soins, et toutes sont ainsi remises les unes après les autres.

Quand tout est en place, l’enfant enlève de la mue avec sa petite pelle recourbée les fientes, qu’il jette dans le panier ; il remet à manger, et l’opération recommence pour la seconde série.

Lorsque tout est fini, la mue est changée de place, les fientes ramassées, les augettes nettoyées et renversées dans un endroit où elles soient en sûreté. On balaye la place et les environs, toutefois en entretenant le terrain de la mue très plat, et sans enlever le sable, que l’on renouvelle seulement de temps en temps. Tout est serré, accroché, et tout est dit jusqu’au lendemain matin.

Il ne faut pas s’effrayer des œufs cassés, à moins que cet accident n’arrive trop fréquemment à une même poule. Cette poule serait alors bannie du couvoir et remplacée par une autre ; aussi faut-il toujours garder une ou deux poules avec des œufs d’essai, afin d’avoir des couveuses de rechange. Une poule peut aussi mourir sur ses œufs ; s’ils sont précieux, fussent-ils restés plusieurs heures à découvert, et même une journée, on doit les remettre à une couveuse de rechange ; à moins qu’il ne fasse très froid, ils ont toute chance d’être encore bons.

Mirage des œufs

Nous avons laissé nos couveuses en action, et nous supposons que la première série y est déjà depuis dix jours ; c’est alors qu’il faut se préparer au mirage des œufs.

On pratique dans un volet de la fenêtre, ou bien dans la porte, une fente large d’environ 3 cm et haute d’à peu près 15 cm. L’orifice extérieur de cette fente est bouché par un fragment de vitre cloué ou collé sur le bois ; ce fragment de vitre est placé pour intercepter l’air froid. L’endroit que l’on choisit ne doit pas être exposé au soleil, parce que l’œuf qu’on veut mirer, recevant directement les rayons solaires, deviendrait trop transparent.

Le onzième jour au matin, aussitôt que les poules que peut contenir la mue y sont placées pour prendre leur repas, on se prépare à mirer les œufs de la première série de couveuses, opération qui doit être faite lestement.

On commence par s’enfermer dans le couvoir ; la fente pratiquée pour le mirage donne, au bout d’une minute, assez de clarté pour exécuter sans danger tous les mouvements nécessaires. Une corbeille au fond de laquelle on place une étoffe moelleuse et chaude, comme du molleton, par exemple, est posée à terre non loin de la fente à mirer, dans un endroit bien choisi.

Pressoir.

Fig.31 — Mirage des œufs.

L’enfant porte près de là le panier de la première couveuse, saisit deux œufs avec soin et les passe à la personne qui doit mirer. Cette personne en prend un dans la paume de la main droite ou gauche, suivant sa commodité, et du bout, comme s’il était placé dans un coquetier ; elle pose son autre main par le bord inférieur sur le bout supérieur de l’œuf et l’approche de la fente (fig. 31) ; un peu d’exercice apprend bientôt si l’œuf est fécondé ou clair, ou si l’embryon est vivant ou mort.

Si l’œuf est fécondé et l’embryon vivant, l’œuf est opaque, à l’exception d’un petit emplacement très distinct qu’on nomme la chambre à air (fig. 32) ; s’il est clair, il est tout à fait transparent ; si l’embryon est mort dans les premiers jours, l’œuf est plus ou moins trouble. Tous les œufs bons sont remis à l’enfant, qui les prend, les pose dans la corbeille, et en passe d’autres. Les mauvais sont gardés de préférence pour faire des œufs d’essai, parce qu’ils ne se gâtent point. Ils sont alors mis à part, et l’on écrit dessus, à l’encre : Œuf d’essai. Ils doivent remplacer tous les œufs d’essai fécondés qui peuvent, en se cassant, infecter le couvoir.

Pressoir.

Fig.32 — Chambre a air de l'œuf couvé.

Quand tous les œufs d’un panier sont mirés, ce qui doit être l’affaire d’un instant, on les y replace ; on passe au suivant, et ainsi de suite.

En supposant que le nombre d’œufs est de treize pour chaque poule, que la première série est de six couveuses, et qu’il y a d’œufs mauvais 3 à la première, 1 à la seconde, 2 à la troisième, point à la quatrième, 4 à la cinquième et 3 à la sixième, on se trouve avoir 13 œufs manquant, et, par le fait, il n’y a plus que cinq couvées. Aussi prend-on les œufs du dernier panier de cette série de couveuses, et les répartit-on entre les cinq premiers. Chaque panier est complété, la couveuse dépourvue est remise dans son panier, où l’on place quelques œufs d’essai pour la tromper, puis renvoyée à la suite de toutes les couveuses, où elle attend une nouvelle série.

Les poules qui mangeaient pendant que l’opération se faisait rapidement sont rapportées à leurs paniers, et quand une nouvelle série de couveuses est arrivée à son onzième jour, on fait comme pour la première, et ainsi de suite.

On aura soin d’écrire sur les paniers des couveuses remises à l’essai : Deuxième couvée, afin de ne pas recommencer indéfiniment pour la même.

Quand on retire des couveuses qui sont de trop, comme il vient d’être dit, ou des paniers vides et devenus inutiles à la suite des éclosions, on repousse toujours les paniers suivants pendant le repas des couveuses, afin que les premiers poulets à éclore se trouvent toujours en tête.

Les soins sont continués aux couveuses jusqu’aux éclosions, mais toujours avec l'attention très scrupuleuse de ne rien déranger aux œufs et de laisser la poule les arranger à sa manière. Il n’y a qu’un cas où il soit permis de s’en occuper, c’est quand on voit que, la paille du nid s’étant mal placée, et tombant plus d’un côté que de l’autre, des œufs s’écartent de la poule. Alors on remédie à ce dérangement.

On doit aussi, chaque fois qu’on visite des œufs, même au bout de quinze ou vingt jours seulement de l’établissement du couvoir, surveiller les paniers, la paille, les planches et tous les endroits où les mites pourraient s’établir, et les déloger, comme nous l’expliquerons plus tard.

Boîte à transporter les poussins

Le vingtième jour, veille de l’éclosion, on tient prête une boîte à transport pour les poulets (fig. 33).

Cette boîte, en forme de panier, doit avoir environ 35 cm de long sur 25 cm de large, et 20 cm de profondeur. La partie supérieure est percée de deux ouvertures à travers lesquelles on peut passer le bras, et qui sont fermées chacune par une petite porte grillagée à bascule. C’est par ces portes qu’on introduit les poussins. Une des extrémités de la boîte est à jour, et se ferme par un panneau mobile qui glisse de haut en bas entre des coulisseaux, et se retire tout à fait quand on veut donner passage aux poussins.

Pressoir.

Fig.33 — Boite pour transporter les poussins.

Cette boîte-panier, la corbeille pour le mirage et autres objets analogues peuvent être placés sur une planche fixée dans l’intérieur du couvoir.

Éclosion

Le jour de l’éclosion il faut montrer une grande résolution et une grande présence d’esprit. Il faut arriver au couvoir avec calme, et surtout à la même heure que d’habitude. La grande affaire est de ne pas aller voir, ni la veille au soir, ni le jour même avant l’heure, si les poussins sont éclos. On a beau entendre ces petits cris réjouissants qui décèlent de nouveaux petits être vivants, il faut réfréner sa curiosité et ne pas aller déranger la poule. Je m’étends là-dessus, parce qu’on est toujours tenté, surtout dans les premiers temps qu’on s’occupe d’élevage, d’aller soulever la poule, de prendre et remettre incessamment les poussins, de regarder les œufs, etc. Il faut être bien persuadé que la plupart des nombreux accidents qui surviennent dans les éclosions n’ont pas d’autres causes qu’une curiosité et des soins intempestifs.

Quand donc l’heure a sonné, on prend la première poule, en ayant soin de lui ouvrir préalablement les ailes, attendu qu’il arrive qu’elle y place des poussins et souvent même des œufs. On l’enlève doucement, et l’on aperçoit une partie des petits poussins éclos avec leurs coquilles ouvertes près d’eux. La poule est immédiatement envoyée à la mue aux repas. On fait ainsi pour toutes les suivantes, après avoir eu soin de remettre les morceaux de laine sur les œufs et les poussins.

Quand toutes les poules sont enlevées, on soulève le morceau de laine du premier panier, on retire toutes les coquilles, et surtout celles dans lesquelles des œufs s’engagent quelquefois. On fait ainsi à chaque panier. On remet les poules dans les paniers, que tous les poussins ou une partie des poussins seulement soient éclos.

Je suppose que dans un panier il y ait cinq ou six poussins, on les retire, et les met pour un instant dans la corbeille à mirer. On place doucement la poule sur les œufs qui restent, et on glisse de suite par-devant elle, et seulement à l’entrée, les petits qu’on avait retirés et qui savent bien se replacer eux-mêmes. Sans cette précaution, il y aurait un grand nombre de poussins écrasés.

J’ai dit que, quand même tous les poussins seraient éclos, il fallait les remettre ; et, en effet, ils n’ont encore nul besoin de prendre de nourriture et ils pourraient s’en passer pendant quarante-huit heures. La grande chaleur que leur communique à cet instant la couveuse leur est d’ailleurs indispensable pour achever en quelque sorte l’acte de l’incubation. En outre, au moment de l’éclosion, tout ce qui reste dans l’œuf de substances nutritives entre spontanément dans les viscères du poussin, qui se passerait très bien d’autre nourriture pendant deux ou trois jours.

Le lendemain, la poule est enlevée avec les mêmes précautions que la veille. Pendant le repas, tous les poussins éclos du premier panier sont placés dans le panier à transport. S’il n’y en a que huit, il est fort ennuyeux de donner une si chétive famille à conduire à une poule. Alors on prend bravement des poussins du second panier et du troisième, s’il le faut, pour compléter le nombre quinze environ.

Il est facile de voir maintenant qu’il avait été utile de mettre six poules à couver à la fois. Une seule ne fournirait jamais une famille assez considérable, deux ou trois donneraient une répartition difficile, et cependant il faut se contenter de ce nombre quand les couveuses sont encore rares ; si, d’un autre côté, en mettait plus de six pour le même jour, la répartition deviendrait fort embarrassante pendant le travail du repas. Aussi ferai-je remarquer, à cette occasion, qu’il sera bien de ne mettre à manger à la fois, un jour d’éclosion, que les poules qui vont avoir des poussins, parce que, si diligent qu’on soit, avant que tous les changements, transports, etc., soient exécutés, les autres couveuses auraient trop à attendre pour être remises sur leurs œufs.

Quand on a formé une famille, on prend la poule qui en a fait le plus éclore parmi les poussins de la famille, ou tout au moins la mieux portante, celle qui a le plus de chaleur, et l’on va porter la mère et les enfants au terrain d’élevage, emplacement dont nous donnerons plus loin la description.

Au reste, on compte ce qu’on a de poussins éclos en tout, et on les répartit le plus convenablement possible, de façon que les couveuses aient chacune une famille, ni trop ni trop peu nombreuse. Le nombre quinze environ, énoncé plus haut, m’a toujours paru le plus convenable.

À l’exception de cas très rares, cas où il est bien avéré qu’un accident très simple empêche un poulet de se débarrasser de sa coquille, ou parce qu’un fragment de cette coquille est collé après lui, ou par quelques autres circonstances que l’usage apprend vite a connaître, à l’exception de ces cas, dis-je, on ne doit jamais, jamais, mais jamais aider un poulet à sortir de l’œuf. Celui qui n’a pas la force d’opérer par lui-même un acte aussi naturel doit périr fatalement, attendu qu’on ne sait pas du tout la cause de sa difficulté à sortir, et, pour un poulet qu’on aiderait à propos, on en ferait périr vingt qui n’auraient eu besoin d’aucun secours. Un poussin met une heure à éclore, un autre met deux jours ; laissons donc agir la nature sans nous mêler de ces petits accouchements, auxquels du reste une poule s’entend beaucoup mieux que nous.

Voici comment le petit être qui s’est développé dans l’œuf s’y prend pour en sortir. Son bec, placé vers le centre de l’œuf et près de la coquille, est armé a son extrémité d’une petite pointe cornée et aigu qu’il fait manœuvrer de façon à user petit à petit une même place qu’il finit par percer. Le trou fait, il donne des poussées qui font lever un petit éclat ; ce résultat obtenu, le poussin fait un léger mouvement de rotation sur lui-même, lève un nouvel éclat, et il continue toujours en tournant, jusqu’à ce que la coquille tombe de droite et de gauche en deux parties égales, et le tour est fait.

Il ne faut pas être étonné de la longueur de l’opération, et ne jamais vouloir devancer le résultat naturel, parce que l’on ouvre presque toujours l’œuf avant que le poulet ait achevé sa formation, et c’est autant de poussins perdus. Je le répète, il vaut mieux laisser périr le petit poulet à la peine, si telle est sa destinée.

Quand les poulets éclos sont répartis et portés au terrain d’élevage, il reste des œufs percés ou même intacts, on les réunit et on les remet tous, suivant leur nombre, sous une ou plusieurs des couveuses qui restent ; on en retrouve ordinairement d’éclos le lendemain matin, et, s’il n’y en a pas assez pour constituer une famille, on les glisse aux poules déjà pourvues, qui les acceptent avec amour[1].

Pressoir.

Fig.34 — Poussin resté dans un oeuf à deux jaunes.

Quoiqu’il soit toujours très rare de voir deux poulets dans un même œuf, le cas arrive cependant ; je n’en fais ici mention qu’au point de vue de la curiosité, et parce que j’ai entendu plusieurs fois contester le fait. Je donne le dessin d’un oeuf de brahma-pootra couvé chez moi l’année dernière. L’œuf était énorme et contenait deux jaunes ; un poulet est sorti vivant et a vécu, l’autre est resté dans l’œuf, mais mort, quoique parfaitement formé. Le dessin (fig. 34) est fait d’après nature, le poulet mort est encore placé dans la partie de l’œuf qu’il occupait.


[1]Si l’on veut être sûr, avant de jeter les œufs dont il n’est pas sorti de poulets, que tout ce qui pouvait éclore est éclos, on prend ces œufs et on les met dans l’eau tiède, ceux qui contiennent des poulets encore vivants surnagent et s’agitent : on peut encore les remettre sous une poule et espérer des éclosions. Le reste coule au fond et ne remue pas.