Des agents qui influent sur la végétation

Il existe un grand nombre d’agents qui influent sur la végétation en général et sur les arbres en particuliers. Identifier ces agents vous permettra de comprendre pourquoi un végétal poussera mieux (ou moins bien) à un endroit qu’à l’autre.

L’air

L’air est, comme on sait, un fluide gazeux, élastique, qui entoure la terre. Il constitue, en quelque sorte, la vie des animaux et des végétaux, puisque aussitôt qu’ils en sont privés ils cessent de vivre.

Quand des arbres se trouvent dans une situation où l’air ne peut se renouveler avec facilité, ils ne produisent pas de fleurs, leur bois reste mou, spongieux et peu ligneux. C’est ce qu’on peut aisément constater dans les jardins de ville. Il n’est cependant pas désirable que l’air se renouvelle trop promptement au moindre vent, parce qu’alors il est froid et peu favorable à la végétation.

La lumière

La lumière n’est pas moins indispensable à la végétation que l’air. Les plantes qui, après la germination, en sont complètement privées ne produisent que des tiges et des feuilles molles, peu consistantes, de couleur jaune ou blanchâtre ; elles s’étiolent et meurent au bout de peu de temps. L’acide carbonique introduit dans la plante par les racines et les feuilles, et qui constitue, comme on sait, un élément essentiel à la nutrition, ne peut se décomposer et fixer son carbone que sous l’action de la lumière. Cette décomposition se fait d’autant mieux et d’autant plus promptement que les rayons solaires arrivent plus directement sur les différentes parties de la plante.

L’action directe des rayons du soleil sur toutes les parties destinées à fructifier est une condition essentielle qu’on perd trop souvent de vue dans la culture des arbres fruitiers. À l’ombre, les boutons sont rares, mal conformés, et les fruits n’acquièrent pas les mêmes qualités que ceux qui sont frappés par le soleil, ils ne sont pas non plus aussi colorés. Il est cependant des essences qui ne réclament pas autant de lumière pour fructifier : tels sont le framboisier, le groseillier et certaines variétés de cerisier et de pommier ; mais nos poiriers, nos pêchers et nos vignes en réclament abondamment. Aussi conseillons-nous plus loin de disposer la charpente de ces arbres de façon que toutes leurs parties, jusqu’à la moindre ramification fruitière, soient éclairées par les rayons solaires. C’est un point sur lequel nous ne saurions trop attirer l’attention, car, pour peu qu’on néglige de l’observer, on compromet la fructification et la qualité des fruits.

La température

La chaleur est le moteur qui détermine en quelque sorte l’action des agents qui concourent à la végétation. C’est elle qui règle le développement de la plante, la décomposition des parties mortes, et qui provoque la maturation et le parfum des fruits. Plus elle est forte, plus la végétation est rapide. Cependant, lorsqu’elle dépasse un certain degré, elle peut devenir aussi funeste à la plante qu’elle est bienfaisante quand elle se trouve à un degré convenable et qu’elle est accompagnée de vapeurs d’eau.

Le degré de chaleur qui paraît le mieux convenir à nos arbres fruitiers varie entre 15 et 30 degrés centigrades. C’est au moment où les fruits sont sur le point de mûrir que la chaleur leur est le plus utile et qu’il est désirable qu’elle soit portée au plus haut degré qui convient normalement à la plante. Une chaleur égale et continue fatiguerait les fonctions de la plante ; la nature sage et prévoyante a pourvu à cet inconvénient en les soumettant journellement à un maximum et un minimum de chaleur. Le maximum est atteint pendant le jour et le minimum pendant la nuit. Quand le maximum diurne et le minimum nocturne varient périodiquement, il se forme une plus grande quantité de boutons que quand la température est uniforme et régulière pendant toute la période de végétation. On a tort de croire que les étés longs et continus sont des plus favorables à la formation des boutons à fleurs ; ils ne disposent pas beaucoup plus les arbres à la fructification que ceux qui sont froids ou pluvieux. Rien ne favorise autant la transformation des bourgeons en boutons qu’une végétation intermittente.

L’eau

L’eau joue un des plus grands rôles dans l’existence de la plante, parce qu’elle fait partie de sa composition intime et qu’elle sert à préparer en les dissolvant, la majeure partie des éléments destinés à la nourrir et à la développer. Avec de l’eau, de la chaleur et de la lumière, combinées dans de justes proportions, on peut, en quelque sorte, diriger à volonté la végétation.

L’eau qui humecte le sol peut provenir des sources qui y existent ou des vapeurs condensées dans l’atmosphère et amenées à sa surface sous forme de pluie. Les sols qui doivent leur humidité aux eaux de pluie sont plus favorables à la végétation et à la fructification que ceux qui la doivent aux sources qu’ils renferment. Quand les plantes ont besoin d’eau, leurs feuilles se ramollissent et laissent pencher leur sommet vers le sol. On les ravive en bassinant toutes les parties aériennes et en mouillant le sol par des arrosements.

Les arrosements et les bassinages doivent être faits, autant que possible, après le coucher du soleil et avec de l’eau de pluie. Si l’on était obligé de se servir d’eau de source, il conviendrait de ne l’employer qu’après avoir été exposée à l’air pendant un ou deux jours, afin de la laisser se débarrasser des principes nuisibles à la végétation qu’elle pourrait contenir.

Le sol

Le sol est formé d’éléments minéraux ou inorganiques et d’éléments organiques.

Les éléments minéraux proviennent principalement de la désagrégation des roches schisteuses, siliceuses, calcaires, etc., et les éléments organiques de la décomposition des matières animales et végétales.

La fertilité et les propriétés physiques des terres dépendent de la manière dont sont mélangés les divers éléments qui les composent ; elles prennent le nom de l’élément prédominant. Ainsi, un sol est dit argileux, sableux ou calcaire selon que domine l’argile, le sable ou le calcaire. Le sol qui ne contiendrait que ces trois éléments peut être considéré comme étant impropre à la végétation ; il lui devient favorable si l’on y joint des matières animales ou végétales.

Les sols argileux

Le sol argileux a pour base l’argile, mélangée avec du sable et du calcaire.

Lorsque la quantité d’argile est très grande, le sol est froid, imperméable et peu propre à la végétation. En été il se durcit, se fendille et se laisse travailler difficilement. Si les proportions d’argile sont moins grandes, il devient perméable à l’air et à l’eau et favorise la végétation de la plus grande partie des essences ligneuses des contrées tempérées.

On peut modifier les qualités physiques d’un sol trop argileux en y mélangeant une certaine quantité de sable à gros grains, des cendres de houille ou tout autre matière susceptible de maintenir séparées les masses de particules d’argile.

Les sols sablonneux

Les sols sablonneux sont ceux dans lesquels le sable est la partie dominante. Ils sont très perméables et laissent passer l’eau et les engrais avec d’autant plus de facilité que les grains de sable sont plus gros et plus abondants. De là la nécessité de les fumer plus souvent que les sols argileux, lesquels ont la propriété de retenir les engrais et de les fournir à la plante au fur et à mesure des besoins de la végétation. La conductibilité des sols sablonneux étant très grande, ils s’échauffent promptement, mais aussi ils se dessèchent avec la même rapidité.

Ces sols sont peu cohérents et se laissent travailler en toutes saisons ; ils conviennent aux plantes à racines fibreuses, tandis qu’ils sont peu convenables aux végétaux destinés à prendre un grand développement. Cependant, les arbres y sont, en général, plus fertiles que dans les terrains plus consistants, et les fruits, quoique plus petits, y sont souvent de qualité supérieure.

Pour favoriser le maintien de l’humidité dans les sols sablonneux, il est bon d’en couvrir la surface de débris de végétaux (fumier, tan, gazons renversés, etc.). On peut augmenter leur consistance en y mélangeant de l’argile préalablement séchée, ou de la vase provenant du curage des fossés et des étangs.

Les sols calcaires

La base du sol calcaire est formée de craie ou carbonate de chaux ; l’argile et le sable s’y trouvent en moindre proportion. Lorsque la craie est très divisée, le sol est blanchâtre et ne convient guère à la végétation, car il absorbe peu de calorique. Les sols calcaires sont susceptibles d’être amendés par une addition de sable et d’argile, et, dans ces conditions, ils sont très favorables à la culture des arbres à fruits à noyau.

La terre franche

On désigne sous le nom de terre franche une terre très douce au toucher, de couleur jaunâtre, et composée d’éléments argileux, sablonneux et calcaires, mélangés dans des proportions approximatives de 30 à 40% d’argile, de 40 à 50% de sable, et de 8 à 10% de calcaire. Cette terre convient à tous les végétaux cultivés dans les jardins. L’argile s’y trouve en quantité suffisante pour entretenir l’humidité, et le sable permet à l’air d’y pénétrer facilement.

La terre végétale ou couche arable

La terre végétale ou couche arable est la couche superficielle du sol, plus ou moins meuble et de couleur plus ou moins foncée, à cause des labours et des engrais qu’elle reçoit avant ou après chaque récolte. L’épaisseur de cette couche varie beaucoup, selon que le sol est plus ou moins perméable et qu’il a été travaillé plus ou moins profondément. Elle est plus épaisse dans les jardins que dans les champs.

Le sous-sol

Le sous-sol est la couche de terre qui n’a pas été remuée par les instruments de labour et qui se trouve immédiatement en-dessous de la terre végétale. Tous les cultivateurs maraîchers savent que la valeur d’un jardin dépend en grande partie de la qualité et de l’épaisseur de la couche arable, mais bien peu attachent de l’importance à la nature du sous-sol. Ils ignorent, généralement, que les qualités de la couche végétale dépendent de celles du sous-sol. La bonne qualité de ce dernier, est une condition indispensable partout où l’on veut cultiver des arbres fruitiers.

Les terres d’alluvion ou sols alluviens

Les terres dites d’alluvion se rencontrent spécialement dans les vallées, où elles ont été amenées et déposées par les eaux. Elles sont d’ordinaire un mélange d’argile, de sable, de calcaire et d’humus, et constituent un sol des plus riches.

Les terres d’alluvion sont des plus favorables à la culture des légumes, mais elles sont peu recommandables pour la culture des arbres fruitiers. Ceux-ci y acquièrent, il est vrai, une grande vigueur, mais leur bois s’aoûte mal et ils y sont peu fertiles.

Le terreau ou humus

On donne le nom d’humus aux matières organiques décomposées et mélangées aux parties inorganiques du sol. Il provient de la décomposition des matières animales et végétales, introduites dans le sol sous forme d’engrais.

Le terreau pur est des plus favorables à la végétation des jeunes plantes, mais leurs tissus n’y acquièrent pas assez de consistance.

Il y a des terreaux doux et des terreaux acides. Les premiers proviennent de la décomposition des matières animales et les derniers des matières végétales (terreau de feuilles, etc.). Le terreau provenant de la décomposition du fumier d’écurie ou d’étable est, en conséquence, un terreau mixte. Les terreaux doux sont les plus favorables à la végétation.

Les engrais

On désigne sous le nom d’engrais toutes les matières animales, végétales et minérales qu’on introduit dans le sol et qui sont destinées à fournir des aliments aux plantes.

Les engrais sont aussi indispensables aux arbres fruitiers qu’ils le sont aux légumes et aux céréales. Cependant, nous ne conseillons d’en faire usage, surtout quand les arbres sont traités par des arboriculteurs peu compétents, que pour autant que la végétation semble laisser à désirer, que les fruits se détachent prématurément ou n’atteignent pas le développement dont ils sont susceptibles. Non pas que nous craignions que les fumures prodiguées à des arbres assez vigoureux empêchent ou contrarient la fructification, car avec la méthode de taille que nous préconisons il n’y a plus d’arbres rebelles à la fructification, quelle que soit leur vigueur ; mais nous craignons de compromettre, plus ou moins, la qualité des fruits. Dans un sol fortement fumé les fruits n’ont ni le parfum, ni la saveur qu’on rencontre chez ceux cultivés dans des sols moins substantiels. Les engrais les plus recommandables pour les arbres fruitiers sont les suivants :

L’engrais de ferme ou fumier

L’engrais de ferme est composé de paille ou d’autres débris végétaux ayant servi de litière aux animaux et imprégnés des excréments de ces derniers ; sa qualité est d’autant meilleure qu’il provient d’animaux ayant reçu une bonne nourriture et qu’il a séjourné plus longtemps dans l’étable ou l’écurie.

On distingue dans l’engrais de ferme les fumiers chauds et les fumiers froids. Les premiers, provenant des chevaux, ânes ou mulets, entrent promptement en fermentation et procurent une grande chaleur. On s’en sert très avantageusement, à l’état frais, pour en faire des couches destinées à la culture des primeurs et fumer les sols froids et compacts. Les fumiers froids proviennent des bêtes bovines et des porcs. Ils fermentent lentement, sont plus durables que les fumiers chauds et conviennent plus particulièrement aux sols légers et secs. Dans tous les cas, le mélange des fumiers chauds aux fumiers froids est ce que nous avons reconnu de plus avantageux.

On ne doit employer l’engrais de ferme pour fumer les arbres fruitiers que lorsqu’il est à demi décomposé ; employé à l’état frais, c’est-à-dire au moment où il sort de l’écurie, il pourrait occasionner si pas la mort des arbres, tout au moins la destruction d’une partie des racines, par la fermentation qui se ferait dans le sol, si c’est du fumier de cheval, ou par la trop grande somme d’humidité qui y serait concentrée, si c’était du fumier de vache ou de porc. Toutefois, si l’on se trouvait dans la nécessité de l’employer à l’état frais, on devrait le répandre sur le sol et ne l’enfouir qu’après un certain laps de temps. Du reste, il n’est pas encore bien démontré que les fumiers agissent davantage sur la végétation quand ils sont enfouis que quand ils sont employés en couverture. D’après des expériences comparatives, faites sous nos yeux, il y aurait lieu de préconiser les fumiers en couverture dans les sols sablonneux. En effet, il est hors de doute que les sucs nutritifs qui imprègnent le fumier sont délayés par les pluies et entraînés par celles-ci jusqu’à portée des racines, tandis que la paille reste à la surface du sol et constitue un excellent paillis, qui maintient la fraîcheur du sol en empêchant le soleil de darder sur sa surface.

Les fumures en couverture peuvent être faites pendant toute l’année, tandis que les fumures par enfouissement s’exécutent du 15 octobre au 15 mars, pendant le repos de la végétation, alors que celle-ci ne peut être altérée par la suppression des racines, qu’on fait inévitablement en procédant à l’enfouissement. L’enfouissement doit être fait peu profondément, à l’aide d’une fourche ou d’une bêche à jour, sur toute la surface occupée par les racines ; moins le fumier est décomposé, plus il faudra veiller à ne pas le mettre en contact avec les racines.

Il est important, lorsqu’on enfouit le fumier, de le diviser le plus possible et de ne pas le placer par paquets, comme on le fait très souvent.

L’engrais liquide

On désigne particulièrement sous le nom d’engrais liquide l’urine des animaux, soit pure, soit mélangée à leurs excréments.

L’engrais liquide agit avec la plus grande énergie sur la végétation.

 Collecteur d’engrais liquide.

Figure 14 : Collecteur d’engrais liquide.

On le recueille dans des citernes ou des tonneaux hermétiquement fermés, pour empêcher le dégagement de l’ammoniaque. On peut l’employer en toutes saisons, mais préférablement un peu avant le début de la végétation.

L’engrais liquide provenant des déjections humaines est préférable à celui des animaux herbivores. Lorsqu’on l’emploie pendant le printemps et l’été, et qu’on ne l’a pas laissé fermenter dans la citerne, il est prudent de l’allonger avec deux tiers d’eau, afin de faciliter son infiltration dans le sol et d’éviter la brûlure des racines. Cette recommandation est surtout importante quand on fait usage de l’engrais provenant des bêtes bovines. On verse l’engrais à la surface du sol, ou mieux dans de petites ouvertures de 8 à 10 centimètres de profondeur, qu’on referme aussitôt que l’infiltration est faite. Nous recommanderons également de ne pas l’épandre sur les feuilles, principalement quand celles-ci sont jeunes. Pour dissiper quelque peu l’odeur désagréable que produisent les engrais liquides on peut ajouter dans la citerne, du plâtre ou de la couperose verte (sulfate de fer). Ces deux substances ont la propriété de concentrer l’ammoniaque.

Les engrais verts en compost

Toutes les substances végétales peuvent être considérées comme engrais. Aussi fera-t-on bien de recueillir les herbes provenant des sarclages ou des fauchages des pelouses, les tiges de pois, de fèves, de pommes de terre, les plantes annuelles, les gazons, les débris de légumes, etc., etc., et de les réunir en un tas pour les laisser fermenter.

Pendant l’hiver on retourne ce tas et on y ajoute, s’il y a lieu, du sable, des cendres, du tan décomposé, de la chaux, des plâtras provenant des démolitions, des boues de rues, etc., etc. Cinq ou six mois après, ces divers éléments fourniront un engrais des plus précieux, que nous préférons même au fumier de ferme pour faire les plantations.

Si pendant l’été on retourne deux ou trois fois le tas, la fermentation réagira et les matières arriveront plus promptement à un état de décomposition complet.

Les déchets et chiffons de laine

En raison de la lenteur avec laquelle ils se décomposent et de la fécondité qu’ils procurent au sol, les déchets et les chiffons de laine constituent un des engrais les plus recommandables pour les plantations. Pour faciliter leur égale répartition dans le sol, on divise les chiffons en menus morceaux à l’aide d’une serpe. Quant aux déchets provenant des manufactures de drap, ceux-ci sont suffisamment divisés, mais il est bon, avant de les employer, de les faire fermenter soit en les mouillant, soit en les stratifiant par couches avec du fumier de cheval, pour provoquer la germination et détruire la grande quantité de graines de luzerne qu’ils contiennent. On les emploie de préférence lors du défoncement, en les éparpillant et en les mélangeant au sol. La quantité à employer est de 2 à 5 kg. par mètre carré.

Le sang

Le sang constitue également un engrais très actif et qui peut être employé pur et à l’état frais. On peut aussi l’employer en mélange avec le fumier de ferme et les composts. Il est fort recommandable pour fumer les vignes.

Pour le conserver sous un petit volume pendant un certain temps, tout en lui laissant perdre le moins possible de ses principes fertilisants, on peut le faire sécher dans un four après la cuisson du pain, en y introduisant trois ou quatre fois son volume de cendres de bois ou de la terre argileuse très douce, et le placer ensuite dans des caisses ou des tonneaux en attendant le moment de l’employer, soit sous cette forme, soit à l’état liquide, en le mélangeant à de l’eau.

La chair musculaire

Toutes les fois qu’on pourra se procurer des animaux morts on fera bien d’utiliser la chair comme engrais. Les petits animaux, tels que poules, lapins, chats et chiens, peuvent être enfouis directement au pied des arbres ou jetés dans la citerne à purin. Quant aux grands animaux, on les enfouit dans une fosse ; on les couvre d’abord d’une couche de chaux vive pour déterminer une prompte décomposition, et ensuite d’une forte couche de terre pour empêcher le dégagement des gaz délétères. Trois ou quatre semaines plus tard on déterre le cadavre pour enlever les chairs, qui se détachent alors avec facilité des os. Ces derniers peuvent également être utilisés comme engrais s’ils sont réduits en poudre. Les débris de cornes, de sabots, d’ongles, etc., peuvent aussi servir très avantageusement à fumer les arbres fruitiers.

Le tourteaux de plantes oléagineuses

Cinq ou six tourteaux délayés dans 100 litres d’eau et remués tous les jours, constituent après deux ou trois semaines, un engrais liquide assez puissant pour faire prendre en peu de temps aux feuilles une teinte vert foncé.

Le guano

Le guano est un engrais très actif qui provient, dit-on, des déjections d’oiseaux de mer et qu’on trouve, en couches très épaisses, principalement sur les côtes du Pérou. On emploie cet engrais en le répandant et en l’enfouissant au pied des arbres, à raison de 200 grammes par mètre carré ; s’il n’était pas destiné à être enfoui on ne devrait le répandre que lorsque le temps se prépare à la pluie, sinon les principes nutritifs que contient le guano se volatilisent. On peut l’employer également à l’état liquide, en y ajoutant une certaine quantité d’eau ; c’est même le moyen le plus sûr pour ne rien perdre de ses principes nutritifs.

La chaux

La chaux constitue un des éléments indispensables au sol pour la culture des arbres fruitiers et principalement de ceux à fruits à noyau. Malheureusement, son utilité est loin d’être appréciée par la majorité des arboriculteurs.

Presque tous les sols contiennent des principes calcaires, il est vrai, mais souvent en quantité insuffisante pour les besoins de la végétation. Aussi conseillons nous de ne jamais négliger son emploi, sauf dans les sols calcaires, et encore dans ceux-ci il arrive que la couche arable en est dépourvue, puisque cet élément pénètre par infiltration avec les eaux de pluie, dans les couches inférieures, d’où il ne peut être ramené à la surface que par des labours très profonds.

Il y a différentes espèces de chaux : la chaux hydraulique, la chaux maigre et la chaux grasse. Cette dernière doit être préférée ; elle est d’autant meilleure au point de vue de la culture, qu’elle est plus pure, plus blanche, qu’elle absorbe une plus grande quantité d’eau et qu’elle augmente plus considérablement de volume en se délitant.

La chaux est à la fois un engrais, un amendement et un stimulant. Comme engrais, elle agit en cédant aux plantes un principe calcaire qui sert à constituer les graines et à former le squelette des tiges ; comme amendement, elle apporte des modifications dans la texture du sol ; elle rend le terrain meuble plus consistant et le terrain argileux moins compact ; enfin, comme stimulant, elle produit des effets en réagissant sur les principes utiles de l’argile, en se combinant à une partie de l’humus ou du terreau, et en décomposant les matières végétales et animales, même les plus coriaces et les plus inertes, qui s’y trouvent associées ; de cette action résultent des gaz et des agents nourriciers très propres à alimenter les végétaux. Elle agit encore comme stimulant en détruisant dans le sol les insectes et les substances nuisibles à la végétation. La chaux provient, comme on sait, de la pierre calcaire calcinée dans un four ; lorsqu’elle en sort, elle est ordinairement en mottes et connue sous le nom de chaux vive ou chaux caustique. On l’emploie communément, et toujours avec avantage, en compost, plus rarement pure.

Voici comment on procède à la formation du compost : on se procure une quantité, équivalente à deux ou trois ou quatre fois le volume de la chaux, de terre légère, de cendres, de tourbe, de gazons décomposés, de boues de rues, de vase d’étang ou de toute autre matière analogue. On en fait un tas, composé alternativement d’un lit de chaux vive et d’un lit de terre qu’on retourne 48 heures après. Cette dernière opération est indispensable, sinon la chaux, qui s’est délitée sous l’action de l’air et de l’humidité, se carbonate et ne se réduit plus en poussière. Quelques jours après on peut employer ce compost. Si on voulait le conserver pendant un ou plusieurs mois, il serait convenable de l’abriter contre la pluie.

On emploie la chaux en compost à raison de 5 à 6 litres par mètre de surface et on l’enfouit, à l’aide d’une fourche, aussi près que possible de la surface du sol.

Nous avons reconnu que les fortes doses de chaux, données au moment de la plantation et réparties jusqu’à 70 ou 80 centimètres de profondeur, sont non pas nuisibles, mais tout au moins inutiles, puisque, comme nous l’avons dit plus haut, les principes calcaires sont entraînés promptement, par les eaux de pluie, dans le sous-sol, surtout si ce dernier a été défoncé. Nous préférons donc employer des doses moins fortes, sauf à renouveler le chaulage tous les trois, quatre ou cinq ans. Nous ferons remarquer que la chaux qui constitue un des éléments indispensables à la végétation ne devra être employée que pour autant que le sol contient en abondance d’autres matières nutritives et principalement des matières végétales. On ne peut assez recommander d’alterner les chaulages et les fumures composées principalement de débris de végétaux et d’animaux. C’est surtout sur les friches que se font sentir les bons effets de la chaux.

La marne

La marne est un composé de chaux et d’argile, joint à des proportions plus ou moins fortes de sable, et peut, dans maintes circonstances, remplacer la chaux. Elle est dite calcaire, argileuse et siliceuse ou sablonneuse, selon que l’une ou l’autre de ces matières terreuses y domine. La marne est plus généralement considérée comme amendement que comme engrais. Comme le calcaire, l’argile et le sable sont trois matières terreuses douées de propriétés différentes, il en résulte naturellement que les marnes doivent participer des caractères inhérents au constituant en excès ; et, lorsque le choix lui sera permis, le cultivateur devra naturellement accorder la préférence à la marne la plus apte à répondre au but qu’il désire atteindre. C’est ainsi que dans les terres argileuses il devra préférer la marne calcaire ou sableuse, tandis que dans les sols sablonneux il donnera la préférence à la marne argileuse.

On emploie la marne au pied des arbres, en l’enfouissant à peu de profondeur. La quantité à employer doit varier selon qu’elle contient plus ou moins de principes calcaires,ou selon le but qu’on se propose d’atteindre, c’est-à-dire que, si l’on avait à amender un sol très sablonneux, on pourrait y ajouter une plus forte dose de marne argileuse et vice versa

Les plâtras et débris de démolition

Les plâtras et les débris de démolition en général sont un ingrédient précieux pour préparer des sols plus ou moins compacts destinés à être occupés par des arbres fruitiers. On les mélange à la terre en faisant le défoncement, et en ayant soin de faire tomber les débris de briques et de pierres au fond de la tranchée ou de la fosse creusée à l’endroit que l’arbre devra occuper. 3.6.12 Les cendres de bois et la suie Les cendres de bois et la suie procurent également des principes nutritifs. On les emploie pures en les répandant à la surface du sol et en les enfouissant peu profondément, ou, ce qui vaut tout autant, en les mélangeant aux composts.

Les cendres de houille

Les cendres de houille sont généralement délaissées comme engrais ; elles sont cependant un puissant auxiliaire pour ameublir les terres compactes et elles fournissent en outre des substances nutritives. Nous avons eu l’occasion de constater bien des fois que des arbres plantés à proximité de chemins dans lesquels on avait déversé des cendres de houille présentaient une plus forte végétation que ceux qui en étaient plus éloignés, par suite des nombreuses racines qui s’étaient développées dans les cendres.

La vase d’étang ou de rivière

La vase constitue un des engrais les plus recommandables pour les végétaux ligneux. Seulement, on doit ne l’employer qu’après avoir été exposée, pendant un an au moins, aux influences de l’air et avoir été retournée plusieurs fois, afin de la débarrasser des principes aqueux et acides qu’elle contient au moment de son extraction.

On peut très avantageusement activer sa dessiccation en la mettant en compost avec de la chaux vive ou en la déposant, avant l’hiver, sur le sol pour la laisser pulvériser par l’action des gelées. La vase d’étang est, ordinairement, plus compacte que celle de rivière. Aussi préfère-t-on la première pour amender les sols sablonneux et légers, tandis que la dernière est préférée pour l’amendement des sols plus ou moins lourds.

La boue des rues

La qualité des boues de rues ou immondices varie en raison de leur provenance, mais toutes constituent, sinon un excellent engrais, tout au moins un bon amendement pour les terres compactes.