Altérations causées aux légumes par les insectes par les maladies
Parler des insectes et des maladies des légumes en termes scientifiques est une chose impossible pour
aucun maraîcher, et de longtemps la langue des entomologistes et des nosologistes ne sera familière
dans nos marais. Nous avons cependant senti la nécessité de parler des insectes et des maladies dans
un ouvrage de la nature de celui-ci, quoique nous ne puissions les désigner que par des noms triviaux,
compris, il est vrai, par tous les maraîchers de Paris, mais fort peu intelligibles pour des hommes
habitués à la langue scientifique.
Afin d’abréger ce chapitre, qui n’offre aucun attrait, nous nommons successivement tous les légumes,
comme titres d’articles, et, au-dessous, nous récapitulons, en deux colonnes en regard, les insectes et les
maladies auxquels ces légumes sont sujets : quant aux moyens de les en préserver, nous en indiquons
fort peu, car on n’est pas plus habile en cette partie dans la culture maraîchère que dans la grande
culture.
Asperge
Insectes
Maladies
Quand les tiges de l’asperge montent en
graine, elles sont souvent attaquées par le criocère, insecte rouge qui mange l’écorce des tiges
et qui est quelquefois si nombreux, qu’elles en
sont toutes couvertes. Le ver blanc et la courtilière tourmentent aussi les griffes en terre.
Dans les terrains gras et humides, les griffes
d’asperge sont sujettes à fondre ou à pourrir.
Aubergine
Insectes
Maladies
L’aubergine est sujette aux pucerons, aux
kermès ; on détruit les uns et les autres en brossant la plante avec de l’eau.
Cette plante n’a pas de maladie particulière.
Cardon
Insectes
Maladies
Le plus grand ennemi des cardons est une
mouche noire qui s’attache à ses feuilles en immense quantité. Nous ne savons si cette mouche
pompe les sucs ou si elle intercepte la transpiration ; mais nous savons bien qu’elle ralentit
et arrête la végétation et que la plante dépérit.
Tant que le cardon est jeune et petit, la courtilière lui coupe aussi quelquefois la racine et le
tue.
Pas de maladie.
Carotte
Insectes
Maladies
Un ennemi très redoutable dans les terrains
secs, pour le semis de carotte, est une petite
araignée qui coupe les jeunes plants à mesure
qu’ils lèvent : on la détruit en arrosant fréquemment le jeune plant.
Nous ne connaissons pas de maladie à la carotte, excepté la fonte, qui peut l’atteindre un
peu dans les terrains qui ne lui conviennent pas.
Céleri
Insectes
Maladies
Les feuilles et les côtes du céleri sont assez
sujettes à être attaquées de la rouille dans ses
différentes phases de culture.
Cerfeuil
Insectes
Maladies
On ne connaît pas d’insecte au cerfeuil.
Le cerfeuil n’est pas sujet aux maladies ;
seulement, dans l’été, la jaunissement le prendre
s’il fait très chaud, et, dans les terrains qui ne
lui conviennent pas, la fonte peut le détruire en
partie.
Chicorée frisée
Insectes
Maladies
Outre les insectes qui nuisent aux romaines
et aux laitues, la chicorée frisée a encore pour
ennemi le ver gris, appelé aussi chenille de terre,
grosse chenille grise : elle coupe la chicorée rez
terre.
La chicorée frisée est exposée aux mêmes maladies que les romaines et les laitues.
Chicorée sauvage
Insectes
Maladies
Nous ne connaissons d’autre ennemi à la chicorée sauvage, semée sur couche et sous châssis, que la courtilière, qui, en faisant ses galeries
en tout sens, reverse les graines en germination
et les fait périr.
La petite chicorée sauvage n’est sujette, étant
cultivée sur couche et sous châssis, qu’à une
seule maladie, c’est la fonte. Son nom indique
son effet ; le plant qui en est attaqué fond par
place, et le mal, gagne par contagion. Nous attribuons cette maladie à trois causes :
À un vice dans le terreau ;
À trop d’humidité ;
Au manque de soleil.
On ne peut ni semer, ni planter.dans l’endroit
où la fonte vient de faire son ravage : tout y périt.
Chou-fleur
Insectes
Maladies
Les choux-fleurs, ainsi que les autres choux,
ont de nombreux ennemis ;quand on les sème
au printemps, ils sont exposés à être dévorés
par l’altise, que nous appelons alirette et pou
de terre, dès que les cotylédons sortent de terre.
On arrête le dégât en arrosant trois ou quatre
fois par jour ou en ombrant le semis. Quand
les choux-fleurs sont quittes de ce danger, arrivent les chenilles, de plusieurs espèces, les
chenilles jaunes engendrées par des papillons
blancs ; les grosses chenilles grises et vertes, engendrées par. des papillons de différentes couleurs. La chenille du papillon blanc ne mange
que les feuilles, mais elle dévore vite ; il faut la
surveiller et la détruire souvent, ainsi que les
pontes d’œufs que les papillons déposent sur les
feuilles. Les grosses chenilles vertes ou grises
attaquent la pomme même du chou-fleur dès
qu’elle commence à paraître, et la dévoreraient
si on ne visitait pas les choux-fleurs tous les
quatre ou cinq jours pour tuer tous ces insectes.
Plus tard, quand les choux - fleurs montent en
graine, ce sont les pucerons verts qui assiègent
les rameaux par millions, et qui, quelquefois,
rendent la récolte des graines nulle.
Si à présent nous passons au collet, aux racines du chou-fleur, nous trouvons d’abord le
ver gris, qui cause des exostoses au pied du
chou, se loge dans son intérieur, le creuse et le
fait souffrir ; le taon à tête rouge, le guillot ou
petit ver blanc, qui en mangent les racines et le
trognon.
Les maladies du chou-fleur et des autres
choux ne sont pas nombreuses. Quand le plant
est encore très jeune, il est sujet au meunier,
et, quand le chou fleur est près de donner
sa pomme, il peut encore en être attaqué. Le
chancre, le pourri peuvent aussi se manifester
dans le tronc, dans les côtes, dans la moelle du
chou et le conduire à la mort.
Chou pomme
Insectes
Maladies
Les choux-pommes et les choux verts ont
pour ennemis les mêmes insectes que les choux-fleurs.
Ce qui vient d’être dit, pour le chou-fleur peut
s’appliquer a tous les autres choux.
Concombre
Insectes
Maladies
Les mêmes qu’aux melons.
Les mêmes qu’aux melons.
Cresson alénois
Insectes
Maladies
Cette plante est sujette à la fonte, surtout si
elle est semée épais. Nous rappelons ici qu’il arrive souvent que les plantes fondent parce
qu’elles sont semées trop dru.
Épinard
Insectes
Maladies
Le puceron vert attaque l’épinard, mais assez rarement. La grosse chenille verte le mange
aussi quelquefois ; son plus grand ennemi est la
courtilière, quand elle se met à faire ses galeries
dans une planche d’épinard qui commence à lever ; elle culbute et évente les racines du jeune
plant et en fait périr une grande partie.
L’épinard n’aimant pas la grande chaleur, celui que l’on sème en été est sujet à la jaunisse ; on arrête ou diminue cette maladie en
arrosant beaucoup. Dans les automnes très humides, l’épinard peut attraper le meunier ; dans
les terrains gras et humides, il est sujet à la
fonte.
Estragon
Insectes
Maladies
Nous ne connaissons à l’estragon qu’une
sorte de maladie, qui est une espèce de chancre
sous l’apparence d’une tache jaunâtre au pied
de la plante et qui fait mourir les tiges : cette
maladie se montre dans les printemps incléments.
Haricot
Insectes
Maladies
En culture forcée et en culture naturelle, le
haricot est sujet fréquemment la à la grise. Les
loches, les limaces mangent ses feuilles dans les
temps humides.
On ne connaît guère d’autre maladie au haricot cultivé sous châssis que rouille occasionnée
par la grise.
Laitue
Insectes
Maladies
Les insectes qui nuisent aux romaines, les uns
par les feuilles, les autres par les racines, sont
les mêmes qui nuisent aux laitues et de la même
manière.
Les laitues sont sujettes aux mêmes maladies que les romaines ; la rouille surtout leur
est très préjudiciable, elle se manifeste par des
taches couleur café d’abord, ensuite noirâtre :
cette maladie entraîne la perte de la plante.
Mâche
Insectes
Maladies
La mâche n’a guère d’autre ennemi que la
courtilière, qui fait ses nombreuses galeries
dans un semis qui lève ; dans toutes ses courses
souterraines, elle soulève et coupe les jeunes
plants, surtout après des arrosements ; c’est la
nuit particulièrement qu’elle fait des dégâts.
La fonte et quelquefois le meunier sont les
maladies de la mâche, quand elle est semée dans
un terrain humide, ou que la saison est très
pluvieuse ; un la voit aussi atteinte de la rouille,
mais très-rarement.
Melon
Insectes
Maladies
le plus grand ennemi des melons, en fait d’insectes, est la grise, petite -araignée à peine perceptible à l’œil, qui s’établit à la page inférieure
des feuilles, y forme une petite toile, pique l’épiderme, suce le parenchyme, altère ou détruit les
fonctions des feuilles et nuit tellement à la végétation, que les melons qui en sont attaqués
languissent, et que leurs fruits ne sont jamais
parfait, si, toutefois, ils peuvent arriver à maturité. Nous nous opposons à la multiplication de
la grise en détachant les feuilles qui en sont attaquées ; mais l’animal est si petit, qu’on ne le
reconnaît que par ses dégâts, de sorte qu’il est
difficile de s’en purger entièrement, et sa multiplication est si rapide, qu’en cinq ou six jours
un carré de melons, sous châssis surtout, en est
empoisonné. Cet insecte n’aime pas l’eau, et des
arrosages le détruiraient ; mais comment l’atteindre avec l’eau, puisqu’il est toujours sous
les feuilles ? On a conseillé de le détruire par
des fumigations de tabac ; mais ce moyen, déjà employé avec succès, n’est pas encore admis
dans la culture maraîchère. Les melons ont encore à craindre la grosse alirette, qui pique le
dessous des feuilles ; mais cet insecte est beaucoup moins dangereux ; les arrosements le détruisent ou l’éloignent.
Nous appelons chancre ou ulcère une maladie trop fréquente qui se déclare le plus souvent dans l’enfourchement des bras du melon,
quelquefois sur les branches, quelquefois sur le
fruit même. Quand ce chancre se déclare sur
une branche ou sur un fruit, on supprime ou
la branche ou le fruit avec le mal, et tout est
dit ; mais, quand il a son siège au pied de la
plante, comme cela a lieu le plus souvent, alors
il est très dangereux. Il se manifeste d’abord par
une petite tache livide à la surface de l’écorce ;
cette tache est un commencement de pourriture
qui s’étend rapidement, gagne et pourrit toute
l’écorce autour du pied. Si on pouvait apercevoir cette maladie quand elle commence, quand
elle n’a encore que 2 ou 3 millimètres de diamètre, on pourrait, sans doute, la guérir, en grattant ce qui est pourri et en cautérisant la plaie
avec des cendres ou du plâtre en poudre ; mais,
lorsqu’on l’aperçoit, il est presque toujours trop
tard ; la cautérisation n’est plus qu’un palliatif,
qui prolonge plus ou moins la vie de la plante,
sans pouvoir rendre au fruit la qualité que, la
maladie lui a fait perdre.
Oignon
Insectes
Maladies
Nous ne connaissons d’autre ennemi à l’oignon que le guillot ou petit ver blanc, le même
qui mange la racine des choux : il s’introduit
dans le plateau de l’oignon et l’empêche de
croître.
Dans les terrains gras et frais,, dans les années humides, l’oignon est sujet à la fonte, que
nous appelons aussi nuile. Cette maladie se manifeste par une tache jaunâtre à l’endroit où
l’oignon se forme ; elle grandit, les feuilles jaunissent et toute la plante tombe en pourriture.
Oseille
Insectes
Maladies
L’oseille a pour ennemis deux insectes qui
font beau-coup de tort : l’un est la grosse alirette, qui mange, les feuilles jusqu’à la côte et
qui se laisse tomber à terre dès qu’on en approche ; l’autre est une chenille qui dévore également les feuilles, et qui ne disparaît que par le
temps froid.
La rouille se manifeste par des taches roussâtres sur les feuilles de l’oseille ; elles s’élargissent peu à peu, se multiplient et finissent par
perdre la feuille.
Persil
Insectes
Maladies
Le persil n’a pas d’insecte.
Le persil n’est sujet qu’aux maladies du cerfeuil ; mais les fortes gelées le font périr du collet.
Pimprenelle
Insectes
Maladies
Pas d’insecte.
La fonte attaque quelquefois cette garniture
de salade dans certain terrain.
Poireau
Insectes
Maladies
Le poireau a le même ennemi que l’oignon,
plus la courtilière, qui le coupe entre deux
terres, lorsqu’il est nouvellement planté, jusqu’à ce qu’il soit à moitié venu.
Le poireau est sujet à la même maladie que
l’oignon, s’il se trouve dans les mêmes circonstances.
Poirée
Insectes
Maladies
Les ennemis de la poirée de la carde-poirée
sont les chenilles, qui mangent les feuilles, et le
petit taon à tête rouge, qui en coupe le pied dans
la terre.
Le temps contraire aux et saisons engendre
la rouille sur les feuilles des poirées, et toute la
plante est sujette à la fonte dans les temps humides.
Pourpier
Insectes
Maladies
Pas d’insecte.
Le pourpier, semé en terre lourde, glaiseuse,
est sujet à la fonte, ce qui lui arrive aussi ailleurs
quand il est semé trop dru.
Potiron
Insectes
Maladies
Les potirons, giraumonts, turbans, etc., pourraient être exposés aux mêmes maladies que
les melons ; mais leur vigoureuse végétation les
met à l’abri de leurs attaques ou les rend incapables de leur nuire.
Raves, radis
Insectes
Maladies
Les jeunes semis de raves et radis au printemps, ainsi que ceux des autres crucifères, sont
horriblement tourmentés par les altises ou alirettes, qui les dévorent : les courtilières les détruisent aussi par les racines.
Les maladies des raves et radis sont la fonte
quand on les sème sur couche, et le meunier
quand on les sème sur terre.
Romaine
Insectes
Maladies
Puceron vert — Quand ce puceron s’intro-
duit dans le cœur de la romaine, elle est perdue ;
car il se multiplie si rapidement, qu’il n’y a pas
moyen de l’en débarrasser sans la sacrifier. Puceron noir — Celui-ci est aussi nuisible
que le précédent, mais les grands orages le détruisent. Puceron blanc — Il s’attache à la racine de la
plante et la fait languir : on parvient quelquefois
à le détruire à force d’arrosements. Taon à tête rouge —Larve du petit hanneton, qui mange et coupe la racine de la romaine
et la fait périr. Quand on voit une romaine qui
se fane, on fouille au pied, on trouve le taon et
le tue : on appelle aussi ce taon, ver à tête rouge. Courtilière — Tout le monde connaît cet
insecte malfaisant qui coupe entre deux terres
les racines et les plantes qu’il rencontre en faisant ses galeries ; on connaît plusieurs moyens
e de le détruire, soit en lui donnant un tas de fumier pour repaire et où on l’écrase, soit en remplissant d’eau son trou et en versant quelques
gouttes d’huile sur l’eau ; quand l’huile touche
la courtilière, elle sort du trou et meurt de suite.
Le meunier — Il se manifeste par des taches
blanches sur le dessous des feuilles ; ces taches
se multiplient très-rapidement et font languir la
plante : les temps humides, les grands brouillards
occasionnent cette maladie. Le collet rouge — Celle ci est une conséquence de la précédente, quand elle se déclare
sur les romaines qui, après avoir poussé vigoureusement, sont arrêtées par un froid subit.
La fonte — Elle se manifeste par une tache
noire au collet de la plante ; elle est mortelle et
il n’y a aucun remède. La rouille — Son nom indique sa couleur ;
elle s’attache aux feuilles, particulièrement en
dessous, et les rend crochues, empêche la sève
de circuler ; elle n’est pas incurable,quelquefois
le beau temps la fait disparaître quand le mauvais temps l’a produite. La moucheture — C’est une maladie qui
s’observe particulièrement sur la romaine ; elle
se manifeste par des taches grises ou roussâtres
sur les feuilles intérieures ; ces taches tournent
bientôt en pourriture et perdent la plante. La
moucheture se manifeste dans des romaines
que l’on arrose plusieurs fois quand elles sont
parvenues aux trois quarts de leur grosseur, et
que le soleil luit ardemment pendant l’arrosage.
Scarole
Insectes
Maladies
La scarole a pour ennemis les mêmes insectes
que ceux mentionnés à la laitue.
Cette plante, ayant la même texture et les
mêmes sucs que la chicorée frisée, est sujette
aux mêmes maladies.
Tomate
Insectes
Maladies
La tomate n’a pas d’insecte.
Quelquefois, mais rarement, le chancre se
manifeste au pied de la tomate dans les temps
très humides.
Après avoir dit ce que nous savons des insectes et des maladies qui altèrent ou détruisent les légumes, nous croyons devoir terminer ce chapitre par l’exposé de l’opinion, qui se transmet par tradition dans la
classe des maraîchers de Paris, concernant trois phénomènes atmosphériques. Des personnes sensées
nous conseillaient de n’en pas parler dans cet ouvrage, parce qu’elles pensaient qu’il y a dans l’opinion
en question des erreurs ou des préjugés : malgré notre déférence pour leurs avis, nous n’avons pu
nous y rendre ; car, puisque nous écrivons l’histoire de la culture maraîchère de Paris en 1844 ? que
nous exposons ses perfectionnements, l’intégrité veut que nous fassions connaître aussi les croyances
susceptibles d’être considérées comme des erreurs ou des préjugés ; par la suite, on pourra les détruire
ou en expliquer la raison si elles ont quelque fondement : voici ces trois phénomènes.
Arc-en-ciel — La tradition entretient l’idée, chez plusieurs maraîchers, que, quand il paraît un
arc-en-ciel, son influence peut tuer les champignons qui sont à l’état de graine dans les meules faites
sur terre, quoique recouvertes de leur chemise. Nous ne croyons pas tous à cet effet de l’arc-en-
ciel : plusieurs d’entre nous sont disposés à attribuer la perte du grain de champignon, dans cette
circonstance, à un abaissement subit de température ; mais nous ne l’avons pas vérifié, et laissons la
question à l’état où nous l’avons trouvée.
Tonnerre — La perte du grain de champignon par l’effet du tonnerre, et même des champignons
déjà gros comme des noisettes, est. bien plus avérée que celle occasionnée par l’arc-en-ciel ; il n’y a
aucun de nous qui n’en ait éprouvé la fâcheuse expérience dans ses meules sur terre. Ceux qui font
leurs meules dans des caves, dans les carrières de Paris ou des environs, ne s’en sont jamais plaints ;
son influence ne s’étend sans doute pas jusque-là.
Quoi qu’il en soit, il est de fait qu’un tonnerre violent tue le grain de champignon des meules sur
terre revêtues de leurs chemises. Est-ce le bruit, est ce l’électricité, est-ce un refroidissement subit de
l’atmosphère, sont-ce les éclairs qui produisent ce fâcheux effet ? Aucun maraîcher ne peut répondre
à ces questions ; mais tous peuvent assurer que le fait a lieu.
Trombe de vent — C’est ainsi qu’on appelle ces tourbillons de vent et de poussière qui arrachent
ou brisent les arbres et découvrent les maisons par où ils passent. Il n’y a guère de maraîchers qui
n’en aient pas vu au moins un passer dans leur marais, et qui ne sachent qu’un tel tourbillon peut
enlever le fumier, les cloches, les châssis, et faire un-dégât épouvantable : nous avons vu, dans un
ancien établissement sur lequel un tourbillon passait, le maître, les filles, les garçons courir, crier,
agiter en l’air tout ce qu’ils pouvaient - saisir, comme bêche, fourche, râteau, dans le but de rompre la
colonne d’air qui tourbillonnait ; mais tout ce bruit, tout ce mouvement n’a produit aucun effet, et le
tourbillon a continué sa marche.
Un autre procédé, dont nous-mêmes avons une fois éprouvé l’efficacité, consiste à lancer de l’eau
contre le tourbillon ; c’est ainsi qu’un jour nous avons sauvé le dernier quart d’une ligne de châssis
qu’un tourbillon enlevait, en lui lançant de l’eau par la pomme d’un arrosoir. Nous ne chercherons
pas à expliquer ce fait ; un jour, quelque physicien pourra expliquer ce que nous venons de dire de
l’arc-en-ciel, du tonnerre et des trombes de vent.