Juin

Raiponce

Plante de la famille des campanulacées et du genre campanule. C'est une petite plante indigène, bisannuelle, à racines simples, pivotantes, à feuilles radicales, ovales, lancéolées ; la tige est droite, grêle, haute de 5 centimètres et plus, peu rameuse, munie de fleurs bleuâtres, campanulées, auxquelles succèdent des fruits secs qui s'ouvrent par les côtés pour répandre les graines. Les parties comestibles de cette plante sont la racine et les feuilles radicales, que l'on mange en salade.

Culture — On sème la raiponce en juin et juillet, pour avoir de grosses racines en hiver ; ceux qui tiennent plus aux feuilles qu'aux racines ne la sèment qu'en septembre. Il n'est pas indispensable de labourer la terre où l'on veut semer la raiponce, il suffit d'y passer la ratissoire à pousser, pour remuer la terre jusqu'à 2 centimètres de profondeur ; comme cette graine est très fine et très coulante, il serait difficile de la semer seule sans s'exposer à en mettre trop par places, et elle doit être semée très clair, car ses feuilles s'étalent en rond sur la terre : on mêle donc la graine avec de la cendre ou de la terre fine et sèche, et on sème le tout ensemble sur le terreau préparé ; après, on herse avec une fourche à trois dents pour cacher la graine, on plombe un peu la terre pour qu'elle touche la graine de toute part, ensuite on répand un léger paillis court sur le tout, et enfin on arrose au besoin.

La raiponce se consomme de la fin de décembre en février, même plus tard ; on l'arrache avec sa racine et sa rosette de feuilles ; on l'épluche, on la lave, et on la vend par petites mannées.

La culture de la raiponce est très restreinte dans nos marais, d'abord parce qu'elle n'est pas lucrative, ensuite parce que les gens de la campagne vont en arracher où elle croît naturellement et en fournissent les marchés de la capitale à très bas prix.

Fraisier

Plante de la famille des rosacées, de l'ordre des dryadées et du genre dont elle porte le nom. Il y a quelques espèces et beaucoup de variétés de fraisier : toutes sont de petites plantes vivaces, herbacées, les unes originaires d'Europe et les autres de l'Amérique, hautes de 15 à 25 centimètres, à feuilles trifoliées, à fleurs blanches, auxquelles succèdent des fruits ovales ou arrondis, succulents, rouges ou blancs, qui portent, les graines à leur superficie. La partie comestible de ces plantes est leur fruit.

Observation — La fraise étant du goût de tout le monde, la culture du fraisier s'est considérablement étendue aux environs de Paris, et les jardiniers, intra-muros, où la terre est si chère, ne peuvent plus soutenir la concurrence dans cette culture, qui est devenue une spécialité. Sur les dix-huit cents maraîchers de Paris, on n'en compte pas une demi-douzaine aujourd'hui qui cultivent le fraisier en culture naturelle, et ceux qui le cultivent en culture forcée, qui est la seule où l'on puisse espérer obtenir quelque bénéfice dans Paris, sont encore en plus petit nombre.

Il y a aujourd'hui plusieurs variétés de fraisiers dont les fruits sont plus gros, plus séduisants que ceux du fraisier des Alpes ou quatre saisons ; mais aucun d'eux ne fructifie aussi longtemps, et leurs fruits sont loin d'avoir la saveur de la fraise des Alpes : aussi son débit est il plus certain, et c'est la seule que les maraîchers, toujours en très petit nombre, puissent cultiver en culture forcée seulement, avec l'espérance de quelque bénéfice.

Fraise des alpes ou quatre saisons

Culture forcée — Pour cultiver la fraise des Alpes de cette manière, il faut la renouveler tous les ans, ou par semis, ou par coulants : le renouvellement par semis étant le plus avantageux, nous ne nous occupons pas de l'autre. À la fin de juin, on choisit un certain nombre des plus belles fraises des Alpes en état de parfaite maturité, on les écrase dans de l'eau, et les graines s'en extraient aisément ; quand elles sont ressuyées, on laboure un petit coin de terre, non pas à l'ombre, mais que l'on puisse ombrer avec un paillasson ou deux ; et, quand le dessus de la terre est très divisé et nivelé au râteau, on y sème la graine, sur laquelle on répand seulement 2 millimètres de terre très fine ou du terreau, et on donne un léger bassinage ; on répète ce bassinage deux ou trois fois par jour, si on n'ombre pas avec des paillassons, car il ne faut pas que le dessus de la terre sèche tant que les graines ne sont pas levées, si on veut qu'elles lèvent toutes promptement ; en moins de 15 jours, tout sera levé ; six semaines après, c'est-à-dire deux mois après le semis, le plant sera bon à être repiqué en pépinière, où il fleurira et produira des coulants, mais on supprimera les uns et les autres à mesure qu'ils se montreront. À la fin de novembre, on labourera autant de planches que l'on voudra, on y plantera les fraisiers à 28 centimètres de distance, et, sitôt que les gelées commenceront, on couvrira les planches de coffres et de châssis, afin que les fraisiers continuent de végéter un peu.

C'est ordinairement en février que l'on commence à forcer le fraisier ; alors on enlève toute la terre des sentiers jusqu'à 54 centimètres de profondeur, et on les remplit jusqu'au sommet des coffres de bon fumier neuf de cheval ; on se préserve de la gelée par tous les moyens connus, on donne de l'air à propos, on remanie et on rechange les réchauds quand on s'aperçoit qu'ils ne fournissent plus assez de chaleur aux fraisiers, qu'il faut tenir propres et auxquels il faut ôter une partie des vieilles feuilles pour que la lumière pénètre partout, surtout lorsque les fruits commencent à paraître ; enfin, les premiers jours d'avril au plus tard, la récolte des fraises pourra commencer et durer jusqu'à ce que les fraisiers de pleine terre donnent.

Il y a encore d'autres manières de forcer le fraisier, en pot, en serre : les uns préfèrent les coulants aux pieds venus de graine, les plantent dans une autre saison, etc. ; mais la culture que nous venons d'indiquer est la plus simple et la seule praticable par les maraîchers.

Nous citons seulement cette variété, qui est oblongue, blanche, des plus hâtives, et qui pourrait se semer à la fin de juin par les maraîchers, si les maraîchers cultivaient encore le navet ; mais il y a bien longtemps qu'ils ont dû renoncer à cette culture, parce que le navet n'est pas une plante que l'on puisse forcer, parce qu'il monte en graine et ne grossit plus, si on le sème avant le mois de juin. Tous les cultivateurs extra-muros sèment des navets et peuvent les vendre à bien meilleur marché que ne pourraient le faire les maraîchers intra-muros, où le terrain est beaucoup plus cher.