Première partie
aménagements, élevage

Fleuron

Chapitre premier

Parcs. — Parquets. — Clôtures.

Fleuron

Lorsque nous voulons élever des poules dans le but d'en tirer race, il faut d'abord savoir comment nous les logerons. Due fois renseignés sur ce point et nos poules bien établies, nous les suivrons pendant la ponte et l'incubation; nous assisterons à l'éclosion des poussins et nous procéderons à leur éducation.

Étant données des poules d'une espèce quelconque dont on veut obtenir des œufs pour en tirer race, il faut les loger convenablement pour leur santé et pour leur production. Le hasard les place de tant de façons différentes chez leurs différents possesseurs, que nous sommes obligé, pour faire connaître les conditions que doivent présenter leurs habitations, de nous borner à décrire les deux ou trois sortes d'aménagements qui leur sont destinés, laissant aux amateurs et aux fermiers à faire les modifications applicables aux emplacements dont ils disposent.

Pour les poules de race, qu'on ne peut laisser libres, à cause des croisements à craindre, ces sortes d'organisations consistent dans le parcage, soit sur une assez grande étendue, soit sur un espace de terrain assez resserré, soit sur un espace très restreint.

Un terrain plus ou moins spacieux pour les ébats des animaux, un entourage pour les isoler, une habitation ou poulailler, des pondoirs, un perchoir, une augette, un hangar et un vase pour boire, sont les éléments dont se compose un parc ou parquet.

Pour faire un parc très convenable, le terrain devrait avoir de vingt-cinq à cent mètres carrés de superficie, et plus s'il est possible. La nature du sol est de la plus haute importance : il doit, être sablonneux, sec, meuble, perméable, ne gardant pas l'eau et ne gâchant jamais. Dans les cas contraires, on doit y remédier par le drainage, la direction inclinée ou tout autre moyen ; l'emplacement doit être planté d'un ou plusieurs arbres à fruits ou d'acacias, afin de procurer une ombre épaisse; on doit surtout y rencontrer de petits massifs de groseilliers, sous lesquels les poules vont chercher la fraîcheur pendant les chaleurs intolérables de l'été. Cette verdure contribue à la gaieté du parc, et fournit aux animaux quelques fruits acides qu'ils mangent toujours avec avidité. Comme de simples boutures de groseilliers seraient trop tourmentées par les poules, on peut se servir de touffes de groseilliers usés qu'on déplante et replante en mottes pendant l'hiver, et dont on rabat de moitié les pousses nouvelles après avoir supprimé les branches trop vieilles, en ayant soin de protéger le pied de ces arbustes par des planches enfoncées en partie dans la terre, de façon à former une espèce de caisse factice que les poules ne peuvent déchausser.

L'entourage doit, autant que possible, être abrité des vents du nord par un mur ou une barrière quelconque, sinon le côté de l'entourage qui est à cette exposition doit être complètement clos, et un peu plus élevé que le reste. Plusieurs moyens sont employés pour confectionner cet entourage. Je vais en décrire deux, dont l'un est très-simple et très-pittoresque, mais on ne peut l'exécuter que pendant l'hiver ; l'autre est moins joli, mais on peut l'appliquer en tout temps.

Un espace de quatre cents mètres étant donné, on veut y établir huit parcs; on trace les emplacements de façon que les parcs ne donnent pas l'un dans l'autre, c'est-à-dire qu'ils ne se commandent pas; s'il n'y a pas un mur à l'exposition de l'est, ou tout au moins qui reçoive les premiers rayons du soleil levant, il faut en construire un, soit en terre et pierrailles, comme je le décrirai plus loin, soit en planches communes, soit en maçonnerie, etc., etc., afin d'y adosser les cabanes. Le mur doit avoir 2,66 m au moins de hauteur.

Pressoir.

Fig.1 — Plan d'un parc à poules.

Le petit plan (fig. 1) que nous donnons indique la manière dont on peut diviser l'espace dont on dispose et la place qu'occupent les cabanes, les portes, etc.

Les cloisons et entourages doivent avoir 2 mètres de haut. Si l'on veut les exécuter suivant la première des deux façons que je dois indiquer, il faut se procurer un émondage, frais abattu, de peupliers carolins ou autres, de saules, ou de tout autre bois reprenant de boutures. On fait une tranchée de 25 cm pour y placer la base des clôtures et séparations, et. des trous de 50 cm au moins sont pratiqués à la bêche, dans les tranchées, à tous les angles B des clôtures et séparations A pour recevoir des pieux de 2,50 m, laissant 2 mètres hors terre ; ces pieux sont pris dans les plus grosses branches, et forts au moins comme le bras. Des trous, de mètre en mètre, sont également pratiqués le long des tranchées pour recevoir des pieux un peu moins forts.

On place ensuite en avant des parcs, sur la clôture de face, et aux places indiquées dans le plan, les huisseries C, qui contiennent les portes d'entrée, et que l'on met par deux pour leur assurer plus de solidité (fig. 2).

Pressoir.

Fig.2 — Porte d'entrée d'un parc à poules.

On maçonne au mortier de chaux la prolongation des montants placés dans le sol, et l'on affermit par de la terre les pieux déjà placés ; alors, avec toutes les branches de moyenne et de petite grosseur, longues de 2,25 m environ, on fait un treillage qui, placé au fond des tranchées que l'on remplit ensuite de terre, et relié par des perchettes avec de l'osier aux pieux déjà plantés, devient impénétrable. Il faut environ quatre traverses pour consolider ce treillage; les deux inférieures servent à garnir le bas, à la hauteur de 80 cm, de genêts ou de paille de seigle, ou de bourrées, etc., afin que les animaux ne se voient pas d'un parc à l'autre, parce que le moindre trou leur suffit pour se livrer les combats les plus dangereux. Toutes ces garnitures ont de plus l'avantage de préserver les animaux des courants d'air souvent nuisibles.

Si tous ces bois ont été placés tout frais en terre, on les voit verdir au printemps, et former des clôtures impérissables, qui deviennent de plus en plus solides. On les élague alors chaque année, au fur et à mesure qu'elles deviennent trop touffues et trop élevées; le bas finit par former, à la longue, un mur impénétrable. Pour que la réussite soit complète, il faut que tout ait été planté très frais coupé, et sans qu'il gèle; le meilleur moment est peut-être le mois de mars.

Pressoir.

Fig.3 — Vue à vol d'oiseau des parcs à poules.

Le dessin à vol d'oiseau (fig. 3) représente les parcs tout établis.

Les portes doivent être en volige légère, pleines ou à claire-voie ; mais, dans ce dernier cas, avec des couvre-joints au moins jusqu'à moitié. D indique, au plan, la place des poulaillers.

Les loquets doivent être sûrs, afin qu'une erreur ou un accident ne permette pas la sortie des animaux, sortie qui peut amener ou des combats ou des croisements intempestifs. Nous donnerons les figures de plusieurs loquets, que nous croyons simples et solides.

L'autre moyen d'entourage dont j'ai à parler se fait à peu de frais et rapidement. Il est composé de panneaux formés de planches les plus brutes, qu'on enlève aux arbres abattus pour les équarrir ; ces planches portent ordinairement le nom de croûtes. Voici la manière de faire et d'employer ces panneaux (fig. 4).

Des croûtes sont placées à terre à plat, et fixées par deux autres croûtes fortement clouées, en forme de traverses, de façon à partager le panneau en trois parties égales et à laisser libres ses extrémités.

Pressoir.

Fig.4 — Panneaux construits avec des planches dite «croûtes».

Étant donnés des panneaux de 3 mètres de long, fabriqués comme je viens de le dire, des pieux choisis dans les plus grosses croûtes seront fixés profondément en terre, à 3 mètres les uns des autres, de sorte que chaque extrémité de panneau vienne naturellement s'adapter et se réunir à une autre sur les pieux plantés. 11 faut placer les panneaux au moins à 25 cm en terre, afin qu'en grattant les animaux ne puissent se rejoindre : c'est alors qu'on place et qu'on cloue les couvre-joints qui doivent remplir les jours inférieurs. Il y a encore un moyen, qui est de faire une tranchée régulière de 53 cm de profondeur, d'y placer aussi régulièrement que possible et debout, le long de la terre coupée à pic par la bêche, des croûtes de 2 mètres de haut, écartées dé 10 cm environ, de rejeter la terre dans la tranchée et de piétiner fortement cette terre pour consolider les croûtes. On cloue ensuite à 33 cm du haut des croûtes une traverse légère pour les maintenir, et l'on ajoute au bas, plat contre plat, d'autres croûtes d'un mètre qu'on a soin d'enfoncer un peu en terre en dégageant leur pied, et qui servent de couvre-joints. C'est peut-être le procédé le moins dispendieux.

Dans les contrées où il se trouve des peupliers, les croûtes, rendues sur place, coûtent de dix à douze francs les 200 mètres; ce sont des planches irrégulières, souvent pourvues de leur écorce, mais d'une grande solidité et d'un bon usage. Les autres entourages se font par tous les moyens ordinaires, murs, treillages, etc.

On peut mettre du houblon ou toute autre plante grimpante pour égayer les parois ; on peut aussi piquer, dans la saison convenable, au pied des clôtures, des branches de bois reprenant de boutures, comme le saule, le marsault, le peuplier, etc. On peut même, et c'est le moyen que j'emploie généralement, entourer les parcs d'une clôture de planches quelconques, croûtes ou autres, n'ayant qu'un mètre de hauteur à partir du sol, dont les séparations sont closes par des couvre-joints, et établir au-dessus un treillage simple de 66 cm de haut, dont les bouts inférieurs sont cloués sur la clôturé en planche, et les bouts supérieurs fixés par une traverse, comme cela se pratique dans tous les treillages ordinaires.