La plantation des arbres

L’arrachage

La réussite des arbres fruitiers dépend en grande partie des soins que l’on apporte à leur plantation. Le changement que leur fait éprouver le déplacement de la pépinière nécessite de l’attention dans la manière de les planter, afin d’assurer leur reprise, d’activer la formation du chevelu, et de leur faire prendre, les années suivantes, un accroissement aussi rapide que la qualité du terrain le permettra.

La première condition à observer est un bon arrachage ou plutôt une bonne déplantation : on ne saurait apporter trop de précautions pour éviter la meurtrissure ou l’éclatement des racines, accidents si fréquents. Il est certain que plus celles-ci seront ménagées, plus le chevelu sera abondant et la reprise mieux assurée.

Les racines resteront à l’air le moins longtemps possible, et devront surtout être protégées contre la gelée ; si après un long trajet elles étaient desséchées, il serait utile de les laisser tremper dans l’eau pendant plusieurs heures et de les planter immédiatement. Lorsque la plantation ne pourra avoir lieu tout de suite, il faudra mettre les arbres en jauge, abrités du froid et des grands vents. La mise en jauge consiste, comme on sait, à les placer dans une tranchée peu profonde, les uns à côté des autres, en prenant la précaution de ne pas entremêler leurs racines ; on les couvre de terre sans la tasser, mais en assez grande quantité pour qu’ils puissent tenir debout ; on les prend ensuite au fur et à mesure des besoins de la plantation. En recevant des arbres par un temps de trop forte gelée, il ne serait pas prudent de les déballer, on les abritera du froid, et l’on attendra que celui-ci soit notablement diminué.

Le choix et la préparation du terrain

Si l’on a à sa disposition le choix du terrain, on s’établira de préférence sur un sol fertile et de moyenne consistance, ni trop sec ni trop humide. En général, les arbres à fruits à pépins sont plus difficiles sur la qualité du sol que les arbres à fruits à noyau. Ils veulent une terre plus profonde et plus riche : parmi les derniers, le pêcher fait peut-être exception à cette règle, quoiqu’il puisse encore venir dans les terres légères et peu profondes. Il est utile de sonder le terrain de place en place afin d’en connaître la composition ainsi que l’épaisseur de la couche végétale et l’état du sous-sol. Cette épaisseur sera suffisante pour la prospérité des arbres, si elle a de 0,60 à 0,70 mètres, pourvu que le sous-sol soit perméable ; dans le cas contraire, elle devra avoir de 0,80 à 1 mètre. Ce que nous recommandons en ce moment est ce qu’il faut rechercher, mais n’est pas absolument indispensable. Quelle que soit la nature du sol, il faut le préparer à recevoir les arbres, ce qui consiste à le défoncer et à le fumer, quelquefois même à y apporter des amendements, dans le but de le rendre plus propice à la végétation.

Le défoncement, que nous ne décrirons pas entièrement ici, peut être partiel ou total ; ce dernier vaut mieux, il mélange davantage les différentes couches du sol, qui change souvent de nature à divers degrés de profondeur. Il s’emploie quand on veut planter en plein carré, ou dans toute la longueur d’une plate-bande. Le défoncement partiel consiste à faire des trous dont la grandeur varie.

Cette opération devra se faire de six semaines à deux mois au moins avant la plantation, si le terrain est libre, afin de soumettre la terre ramenée à la superficie aux influences atmosphériques, qui la rendront plus végétale.

Le tassement se sera en partie effectué, ce qui permettra de régler la surface du terrain et d’avoir des arbres dont les racines seront enterrées à une profondeur régulière.

On est dans l’habitude, quand on défonce un terrain, de jeter au fond de la tranchée ouverte la terre prise à la superficie sur une épaisseur de 0,30 à 0,40 mètres et de ramener par-dessus celle qui formait le sous-sol. C’est une pratique vicieuse. Dans la plupart des cas, la terre du sous-sol est presque toujours infertile, ou du moins son degré de fertilité est très faible ; elle est loin d’avoir la même qualité que la terre ordinairement labourée. Elle a besoin, pour acquérir les propriétés voulues de fertilité, d’être soumise assez longtemps à l’influence des agents atmosphériques et d’être cultivée fréquemment. On peut toutefois accélérer le moment où elle deviendra bonne par l’addition d’une certaine quantité d’engrais à demi consommé ; mais elle ne le sera pas encore suffisamment à l’époque où l’on plantera, à moins de s’y prendre bien à l’avance. Aussi les racines des jeunes arbres mises dans une telle terre s’y développent peu, et souvent l’arbre languit sans autre cause, pendant les premières années de sa plantation. Ce résultat se fait surtout apercevoir lorsqu’on replante un terrain depuis de longues années couvert d’arbres, quoiqu’on en change l’essence. On le voit encore se produire dans les terrains neufs, mais à un moindre degré. Nous conseillerons donc, une fois la tranchée ouverte, de mélanger ensemble aussi bien que possible le sol et le sous-sol jusqu’à la profondeur fixée pour la défonce, en se servant de la bêche et de la houe à crochets, de manière à rendre la masse de terre remuée sensiblement homogène, au lieu de la conserver par couches distinctes et de qualités différentes. La prospérité de l’arbre est plus certaine. Nous entendons, en ce moment, par sous-sol, l’épaisseur de terre végétale non ordinairement cultivée et sur laquelle repose la couche labourable. Le mélange que nous recommandons ne se fera que si ce sous-sol est susceptible de devenir promptement fertile par la culture ; autrement il vaudrait mieux le laisser de côté, et améliorer le sol par le moyen des engrais, ou, si l’on ne craint pas la dépense, augmenter son épaisseur par l’apport de bonnes terres. Quand on a affaire à des terrains neufs, c’est-à-dire ne portant pas d’arbres ou n’en ayant pas porté depuis longtemps, au lieu d’opérer le mélange des terres, qui, bien que préférable, ne laisse pas que d’être coûteux, on peut se contenter de défoncer en remuant les terres sans en changer les couches de place, en employant le défoncement à trois jauges. La couche végétale fertile reste à la superficie. Si ces travaux peuvent être faits plusieurs mois à l’avance et le terrain mis en culture et fumé, ce n’en sera que mieux pour le succès des plantations.

La profondeur à laquelle il convient de défoncer varie suivant la nature du sol et celle de l’arbre ; nous donnerons ici des chiffres moyens qu’il sera toujours possible de suivre. Si le sol est léger, comme dans un tel sol les racines pourront s’établir profondément d’elles- mêmes, il suffira de l’approfondir de 0,60 à 0,70 mètres ; si, au contraire, il est fort et compacte, on creusera de 0,80 à 1 mètre. Si l’eau séjournait sous le sol, il serait utile de mettre au fond de la tranchée un lit de 0,20 mètres de plâtras ou des pierres, pour la laisser s’écouler de la partie supérieure et empêcher les racines de rester au contact d’une humidité trop prolongée qui leur serait nuisible. Dans le cas où ce serait nécessaire, on placerait par-dessus ces pierres quelques tuiles qui feront obstacle au pivotement des racines et les obligeront à s’étendre horizontalement. On aura ainsi moins à craindre les mauvais effets de l’humidité. Malgré ces précautions, il arrive souvent que l’eau du fond du sol remonte, par l’effet de la capillarité, dans une trop grande proportion, et provoque surtout, si elle est stagnante, la pourriture du chevelu. Aussi le mieux serait de faire une tranchée assez profonde dans l’allée en avant de la plate-bande, et d’y apporter une certaine épaisseur de pierres ou d’y poser un drain. Les eaux s’y rendront, abandonneront la plate-bande ou le trou, et le sol ainsi asséché conviendra parfaitement aux arbres.

On conçoit que des pierres ou des plâtras suffiront pour égoutter suffisamment le sol, si l’on plante seulement une plate-bande ; mais, si l’on plantait un carré en entier, il deviendrait nécessaire de drainer. Le drainage, comme on le sait, consiste à assainir le sol au moyen de rigoles couvertes nommées drains. Ces drains se composent de tuyaux de terre placés bout à bout, et par les joints desquels l’eau s’infiltre et s’écoule. On les distance suivant la profondeur à laquelle on les met : ainsi, pour une profondeur de 0,80 à 1 mètre, indispensable aux arbres fruitiers, on peut les espacer de 8 à 10 mètres. Dans les drainages faits en plein champ, les joints des drains ne sont ordinairement recouverts que par la terre qui comble la tranchée ; mais lorsqu’il s’agit de plantations d’arbres, il est très utile de les recouvrir d’un manchon ou d’un demi-manchon, afin d’éviter, autant que possible, que les racines ne s’introduisent dans les drains et ne donnent lieu à la formation de queues-de-renard, qui les obstrueraient promptement. La grande difficulté du drainage est l’écoulement des eaux recueillies par les drains ; aussi, avant de commencer une telle opération, convient-il de s’assurer de l’endroit où celles-ci seront rejetées, pour donner ensuite la direction et la pente convenables aux drains collecteurs et évacuateurs. Nous n’avons pas la prétention de décrire ici les travaux que nécessite le drainage d’une propriété ; nous n’avons voulu qu’indiquer ce mode d’assainissement comme étant un des plus faciles et des moins dispendieux. Les résultats sont certains lorsque l’opération est bien faite.

Quand on fera des trous dans les terrains médiocres, ils ne devront pas avoir moins de 2 mètres de largeur sur tous sens, et de 0,80 à 1 mètre de profondeur, si toutefois le sous-sol le permet. Lorsque ce dernier est de nature tout à fait infertile, on amène des terres de bonne qualité pour remplir les trous, ce qui rend alors la plantation plus dispendieuse. Si cette dépense ne peut être faite, il importe de ne pas entamer le sous-sol et de ne pas dépasser la couche végétale dans laquelle les racines s’étendront horizontalement ; tandis que prises dans le sous-sol, elles s’arrêtent bientôt, et l’arbre, après avoir végété pendant quelques années, ne tarde pas à dépérir. Dans les terrains de bonne nature, une largeur de 1m50 sur chaque côté et une profondeur de 0,80 mètres suffiront pour la prospérité des arbres : il y a, du reste, avantage à étendre ces limites, si l’on n’est pas arrêté par la dépense. Une précaution essentielle à prendre est de faire mettre à part la terre qui était à la surface, afin de la réserver aux racines, comme étant de qualité supérieure à celle extraite du fond ; celle-ci restera à son tour exposée à l’air et y acquerra de meilleures qualités. On pioche le fond et les côtés de chaque trou, qui, sans cela, formerait une sorte d’encaissement préjudiciable à l’avenir de l’arbre.

Si l’on était dans l’intention de planter entièrement un espalier, je conseillerais de défoncer la plate-bande dans toute sa longueur, sur une largeur de 2 mètres au moins et sur une profondeur de 0,70 à 0,80 mètres.

Dans le cas où le défoncement du terrain a été complet, il n’est plus nécessaire pour planter de faire des trous de la dimension de ceux que nous venons d’indiquer ; on en ouvrira d’assez grands seulement pour que les racines puissent y être placées à l’aise.

Il importe de rappeler ici que lorsqu’on est obligé de remplacer un arbre mort de vieillesse ou d’accident, alors qu’il n’était plus tout à fait jeune, par un autre de même espèce, il est nécessaire de changer la totalité de la terre extraite du trou où l’on veut replanter, afin d’assurer sa réussite. On prend la terre dans un carré voisin, en choisissant la meilleure. Sans cette précaution, soit que l’arbre ait épuisé les substances qui étaient propres à sa nature, soit que, par l’effet de ses excrétions, il nuise à son semblable, toujours est-il que celui-ci ne pourrait pas prospérer. Si l’arbre à planter était d’une autre nature que celui qu’il remplace, il serait inutile de changer la totalité de la terre, un peu de nouvelle sur les racines suffirait, à la condition de fumer la terre conservée.

Époque de plantation et habillage des arbres

Bien qu’on puisse, à la rigueur, planter à toutes les époques de l’année, la plus favorable est l’automne, surtout si les plantations sont faites de bonne heure. On peut commencer dès que la végétation a cessé, ce qui a lieu pour nos climats vers la seconde quinzaine d’octobre. Les arbres mis en place à cette époque, et pendant la première quinzaine de novembre, émettent immédiatement du nouveau chevelu, et poussent avec plus de vigueur que ceux plantés après l’hiver. La plantation au printemps n’est préférable que pour les terrains très-argileux, froids et humides, et ceux sujets à être submergés pendant l’hiver.

Avant de planter un arbre, il faut procéder à son habillage. Cette opération se fait aux branches et aux racines. Pour les racines, elle consiste dans le retranchement de toutes celles qui ont été éclatées ou meurtries lors de l’arrachage ou pendant le transport ; on doit y apporter le plus grand soin, car il arrive souvent que des racines meurtries, au lieu de se cicatriser, se chancrent, l’arbre devient languissant et finit par périr. On rafraîchit avec la serpette l’extrémité du chevelu desséché et des racines, afin qu’elles puissent en produire de nouveau qui concourt puissamment à la reprise. La coupe se fait en dessous, de manière que la plaie repose directement sur la terre, dont le contact favorise la cicatrisation.

Quant aux branches, on ne supprimera que celles cassées, et ce n’est qu’un peu avant l’ascension de la sève qu’on les mettra, pour la longueur, en rapport avec les racines, ou qu’on les taillera. Pour les arbres à haute tige, on ne conservera que les branches nécessaires à la bonne conformation de l’arbre, et les racines seront ménagées autant que possible.

Le choix des arbres

On devra choisir des arbres sains, bien portants, et ne présentant aucun signe de faiblesse. Plus ils seront jeunes, plus leur transplantation sera facile et leur reprise assurée. Je suis loin de partager l’avis généralement admis, qu’un arbre sortant d’une pépinière où le terrain de première qualité lui aura fait prendre un grand accroissement résistera moins bien, transporté dans un terrain de qualité inférieure, que s’il avait été élevé dans une pépinière où le sol serait à peu près de même nature. Tout au contraire, l’expérience nous a prouvé qu’un tel arbre luttait beaucoup plus avantageusement contre la mauvaise qualité de la nouvelle terre, qu’un autre plus faible, sortant d’une pépinière dont le terrain serait de qualité moyenne. Les arbres bien venants ont des racines beaucoup plus absorbantes, des canaux séveux plus dilatés, un système ligneux mieux constitué que ceux qui sont faibles, quoique bien portants ; ils peuvent mieux résister. Aussi conseillons-nous de ne prendre les sujets que dans une pépinière où la fertilité du sol les aura rendus robustes.

La plantation

L’arbre une fois habillé, il s’agit de le planter. Une des premières précautions à prendre est de le mettre à la profondeur voulue, qui varie suivant la nature du

sol et celle du sujet sur lequel l’espèce est greffée. Dans un sol léger et brûlant, il sera avantageux d’enterrer un peu plus profondément que dans un sol humide et froid, où il y aura nécessité de tenir les racines le plus près possible de la surface, afin d’éviter leur pourriture et d’activer leur végétation. Toutefois on laissera la greffe hors de terre, elle ne doit pas être enterrée : il y a toujours avantage à ce que l’air puisse arriver aux racines, conséquemment à ne pas trop les couvrir. L’arbre n’en est que plus fertile et les fruits meilleurs. Si les effets du froid, et principalement ceux de la sécheresse, étaient à craindre, il serait très utile, la première et la deuxième année de plantation, de couvrir le sol d’une légère couche de fumier à demi-consommé, en guise de paillis. Les racines, dans une terre ainsi abritée, trouveront des circonstances favorables à leur premier développement.

En plantant, on doit prendre en considération l’effet du tassement du sol fraîchement remué ; on l’évalue de 8 à 12 cm pour 1 mètre, suivant sa nature forte ou légère. Pour savoir si l’arbre est placé à la hauteur convenable, on peut se servir d’une grande règle que l’on met en travers du trou ; on présente les racines dans le trou et l’on pose la tige le long de la règle, en tenant la greffe à 7 ou 8 cm au-dessus. On retire l’arbre, puis on remplit le trou de la manière suivante : on jette de la terre en quantité telle que l’arbre se trouve à la hauteur voulue. Si l’on a des gazons décomposés, on en mettra au fond, on les divisera bien avec la bêche pour ne pas occasionner un trop fort tassement. Un homme tient l’arbre dans la position indiquée, en ayant soin de l’aligner avec ses voisins, s’il y a nécessité ; un autre fait entrer la terre, qui sera substantielle, entre les racines. Elles doivent toutes passer par les mains du planteur, qui leur fera prendre leur direction naturelle sans les contraindre ni les forcer à mesure qu’il les couvrira de terre. S’il y a un pivot, et qu’on ne puisse le conserver vertical, on l’incline horizontalement sur l’un des côtés. On se donnera bien garde de secouer, comme on le fait si fréquemment, dans le but, prétend-on, de faire descendre la terre entre les racines : cette habitude de secouer l’arbre en le soulevant légèrement a le grave inconvénient de déranger ces dernières, de les amonceler lorsqu’elles devraient être écartées, et souvent même d’en rompre quelques-unes.

Il ne faut pas marcher au pied d’un arbre lorsqu’il vient d’être planté ; cette pratique est vicieuse, en ce sens qu’en plombant le terrain, on s’expose à casser les racines, ou tout au moins à les meurtrir. Il faut seulement appuyer légèrement avec le pied pour le maintenir contre le vent ; les pluies suffisent pour tasser les terres. Dans une plantation très tardive, il sera avantageux de mouiller les racines pour que la terre s’y attache immédiatement, et de verser doucement un ou plusieurs arrosoirs d’eau autour du pied pour aider au tassement. Cette pratique au moment où l’arbre vient d’être planté, peut être généralisée, sans avoir égard à l’époque ; elle hâte le tassement du sol.

Il sera aussi utile, quand la plantation aura lieu tard ou lorsqu’on transplantera des arbres déjà forts, d’enduire la tige et les branches d’onguent de Saint-Fiacre, qui les préservera du hâle et de la sécheresse, et assurera ainsi davantage la reprise.

L’application de cet onguent aux racines est également très avantageuse pour tout arbre, n’importe son âge. S’il est jeune, on trempe simplement les racines dans un baquet rempli de cette matière, que l’on fait un peu liquide ; s’il est âgé, on doit l’étendre avec la main.

Lorsqu’on est dans la fâcheuse nécessité de transplanter un arbre alors qu’il est couvert de feuilles, il est indispensable de supprimer ces dernières en conservant leur pétiole, destiné à protéger les yeux et les boutons. On coupe aussi l’extrémité trop herbacée des bourgeons, afin d’éviter l’évaporation de la sève, et par suite le dessèchement des rameaux et des branches. Des arrosements sur la tige et les branches, ainsi qu’aux racines, facilitent la reprise toujours chanceuse de l’arbre. Quand on plante en espalier, on opère de la même façon ; seulement on a soin de tenir la tige éloignée du mur de 12 à 15 cm (afin de permettre par la suite son grossissement), et de la placer obliquement vers lui pour qu’elle s’y applique plus facilement. On distribue à droite et à gauche les racines pour les empêcher de rencontrer les fondations, et l’on a soin de ne fixer le petit arbre au treillage que quand le tassement du sol est effectué.

Il est préférable de planter par un beau temps plutôt que par la pluie ; la terre saine vaut mieux que la terre trop humide, qui se plombe, devient compacte, et nuit au développement du jeune chevelu.

Au printemps, lorsque les plantations seront terminées, à moins que le sol ne soit pas trop humide, on leur mettra un léger paillis qui maintiendra la fraîcheur ; quelques binages et quelques arrosements pendant l’été, si c’est nécessaire, compléteront les soins qu’elles réclament.

La distance à observer entre les diverses espèces d’arbres est une chose importante, et de laquelle souvent dépendent les bons résultats d’une plantation. Avant de traiter cette question, nous poserons en principe qu’il est toujours plus avantageux de ne planter sur un espace donné que la même nature d’arbres, à cause de leurs besoins différents, au lieu d’en mettre plusieurs, comme cela se pratique encore aujourd'hui dans la plupart des jardins. Ce que nous disons là s’applique surtout aux espaliers.

On est presque toujours dans l’habitude de planter trop près. On ne voit l’arbre que jeune, sans se rendre compte de l’étendue et de l’accroissement qu’il est susceptible de prendre par la suite, et qui lui sont nécessaires pour obtenir une fructification abondante et régulière.

Toutefois, ce n’est pas sans une sorte de raison que l’on commence à planter aujourd'hui plus rapproché qu’autrefois, principalement les arbres en espalier. Il s’agit d’aller vite, on est peu disposé à attendre. On veut garnir promptement les murs et les utiliser ainsi davantage, quitte à voir les plantations durer moins longtemps. Pour les petits jardins, cette manière d’agir est bonne ; elle permet de retirer un profit plus considérable en un temps donné. De plus, si un arbre vient à périr, l’espalier est moins dégarni et la lacune plus vite comblée. On a encore l’avantage de pouvoir réunir sur un espace limité un assez grand nombre d’espèces ou de variétés de fruits, ce qui en varie et prolonge la jouissance. Toutefois, dans les grands jardins, on devra allier les deux modes de plantations rapprochée ou éloignée, afin d’avoir, avec cette dernière, des arbres de longue durée formant une réserve sur laquelle on aura la ressource de récolter quand la première commencera à s’épuiser, et donnant une grande valeur à la propriété.

La distance à observer entre les arbres dépend :

  1. de leur nature ;
  2. de celle du terrain ;
  3. de la forme sous laquelle on les élève ;
  4. de la hauteur du mur.

La distance à laquelle on mettra les arbres sera d’environ 8 à 15 mètres, suivant la nature de l’arbre et celle du terrain : il est avantageux de laisser l’air et la lumière circuler très librement entre tous les arbres, et il est souvent nécessaire de ménager les cultures voisines, surtout si l’on plante dans un potager dont le sol est occupé par des légumes pendant à peu près toute l’année. Les vergers sont ordinairement peu cultivés, le meilleur moyen d’utiliser le sol est de le mettre en herbage ; les premières années, cependant, on peut cultiver de gros légumes, comme les pommes de terre, les haricots, etc. La plantation en bordure ne se fait sur une assez grande échelle que dans les champs, le long des chemins et des avenues ; on distance à 10 ou 12 mètres pour la commodité des travaux de culture et de la circulation. Les soins à donner à ces arbres consistent à élaguer les branches qui forment confusion, à enlever le bois mort et à biner le pied pendant leur jeunesse.