Exemples de gestion collectives d'un terroir

Par les civilisations lacustres néolithiques, 3500 – 4000 av J.C. et que l’on trouvait au nord-ouest des Alpes, en Suisse, Allemagne du Sud et à l’Est de la France.

NB : vers le 6e millénaire av JC, des communautés de paysans, groupées en gros villages aux importantes maisons et granges de bois, originaires de la vallée du Danube et de ses affluents, et défrichant les vallées plus ou moins touffues et recherchant systématiquement les terres lœssiques (plus favorables à l’implantation de pâturages et de céréales), ils s’étaient implantés de la Hongrie à l’Oder et de l’Ukraine à la Hesbaye, etc. puis elles avaient progressé peu à peu vers l’ouest en quête de nouveaux champs et nouveaux pâturages.

Les archéologues désignèrent cette première phase de civilisation danubienne sous le nom de civilisation rubanée, tout simplement parce que les poteries étaient alors fréquemment décorées d’incisions en spirale.

Lorsque les rubanés apparaissent sur les marges Est de la France, ils ont déjà un long passé et sont parvenus à un stade d’évolution de leur culture assez avancé. Ces premiers agriculteurs de la France franchiront le Rhin vers le milieu du 5e millénaire, puis coloniseront le bassin parisien et les pays de la Loire vers 4000 av JC.

NB : souvent la nature des sols a servi de guide à la couverture végétale. Il est des sols d’arbres et des sols d’herbes. Les fines terres de lœss déposées par le vent sur les plateaux sont assez hostiles à la pénétration des racines des arbres et ont ainsi formé des clairières naturelles favorables aux graminées des prairies et à la culture des céréales.

On a bien souvent observé, notamment en Allemagne du Sud, que les établissements néolithiques correspondent aux terres du lœss formant des clairières naturelles.

Dans la grande forêt russe, les clairières naturelles s’appelaient des «poliés» et c’est au milieu d’elles que s’élabore l’état moscovite : d’ailleurs Moscou est né au centre d’un polié .

Les plantes cultivées et les animaux domestiques des agriculteurs néolithiques étaient issus des steppes et avaient besoin d’espaces découverts pour leur extension.

Quant aux villages eux-mêmes, ils devaient osciller entre 100 et 200 habitants (150 à 300 hab.). Les maisons faisaient 10 à 40 m de long et 6 à 8 m de large, avec une charpente (armature) en bois et un recouvrement du toit en écorce de bouleau ou en bottes de roseaux.

Les murs sont réalisés à l’aide de poteaux courts (2 m) et rapprochés, ils sont entrecroisés d’un clayonnage de saule, et enfin on a plaqué des torchis (ou du pisé) sur ce dernier. Le torchis a été confectionné avec de la terre prélevée sur place et la paille de foin, le tout foulé au pied dans les fosses voisines. Une fois sec, ce type de mur est très résistant. À proximité des cabanes, on rencontre fréquemment des fosses dont on a prélevé la terre pour enduire les murs. Ces trous à ciel ouvert faisaient ensuite fonction de mares et de dépotoirs, et où on retrouve les détritus les plus divers, déchets de cuisine, déchets de taille d’outils, poteries brisées, etc.

Les plans généraux des maisons montrent 5 rangées de poteaux parallèles. Les poteaux du centre supportent la faîtière, les poteaux intermédiaires les chevrons. La couverture végétale du toit, faite en roseau, a été cousue par botte sur plusieurs épaisseurs. La maison est orientée en fonction des vents les plus violents, dans ce cas est-ouest, la porte se trouvant à l’est, à l’opposé des vents dominants.Ces maisons étaient vastes, chacune pouvant correspondre à une unité familiale et loger une dizaine de personnes en moyenne.

La hache à long manche de frêne et à lame de pierre polie est l’outil de base du cultivateur néolithique. Le manche en frêne était très résistant à la flexion et aux chocs, et la lame, en pierre polie, était emmanchée dans une gaine en bois de cerf.

Cette hache servait essentiellement d’instrument d’abattage pour ouvrir la forêt avant le brûlis. On coupait alors en priorité les espèces à feuillage très dense, surtout le hêtre (qui n’était pas utilisé dans la construction des maisons, mais qui est fait un excellent combustible).

Le chêne au feuillage plus léger était moins souvent abattu, ce qui permettait son plein développement grâce à l’éclaircissage et sans qu’il porte tort aux cultures, grâce à leur ombrage léger.

De plus les glands étaient consommés par les cochons et les hommes (sous forme de bouillie).

L’étude du diamètre des arbres choisis pour y tailler des poteaux (piliers) de maisons, indique que les arbres d’un diamètre supérieur à 35 cm étaient le plus souvent laissés sur pied et cernés, la technique du cernage des arbres consiste à faire une profonde entaille circulaire à la base du tronc pour interrompre la circulation de la sève et le faire sécher sur pied (Avec écimage).

Elle était d’ailleurs encore largement pratiquée siècle dernier dans les régions d’Europe centrale et où les cultures sur brûlis étaient encore fréquentes, ainsi que dans les Vosges, le Jura et la Scandinavie, etc. l’abattage avait lieu au cours de l’hiver (en lune descendante), c’est-à-dire au moment où la circulation de la sève était au ralentit et en période de morte saison agricole.

NB : les insectes xylophages et les micro-organismes se développent beaucoup moins rapidement dans un bois coupé hors sève, ce qui accroît sa durée d’utilisation, et ainsi les pièces de charpente sont plus résistantes au retrait et au flambage.

Le travail de l’essartage n’est pas excessif, même avec des outils en pierre, en effet avec une hache en pierre polie, il faut :

Seuls les arbres de moins de 30 cm de diamètre étaient abattus, les autres étaient conservés, ou bien cerclés quand il s’agissait d’espèces asociales comme le hêtre (le cernage empêchait la sève de monter et faisait périr l’arbre.), en fait il suffit de 560 heures* pour abattre et défricher 1 ha de forêt avec des outils en pierre, soit 2 fois moins vite qu’avec des haches en fer.

(*expérience effectuée par des chercheurs peu expérimentés à cet exercice : les agriculteurs néolithiques travaillaient certainement beaucoup plus vite. Préparer un tel champ ne demandait pas un travail de longue haleine et compte tenu que les plus gros arbres n’étaient pas abattus qu’on ne dessouchait pas : les arbres abattus étaient coupés à 1 m au-dessus du sol, bien au-dessus de la souche.)

En fin et surtout grâce à l’absence de tapis herbacé sous le couvert forestier dense, l’essartage ne nécessitait aucune sorte de travail du sol, on se contentait de défricher, c’est-à-dire de couper la forêt, de laisser sécher le bois, effectuer le brûlis, épandre la cendre juste avant une pluie qui la diluait et d’effectuer aussitôt après le semis de céréales (donc dans une terre exempte d’adventices).

Il est donc bien plus facile de défricher une forêt que de nettoyer ou de retourner à la charrue une terre envahie d’herbes.

Ce type de culture sur brûlis ne nécessitait qu’un outillage très simple : l’araire et la charrue qui permettent de retourner les sols lourds et les pâturages, etc. sont tout à fait inconnus dans ces régions. On utilisait que des outils manuels :

NB : la meule courant portait en dessous de légères aspérités qui empêchaient le grain de glisser.

Les diverses galettes de céréales étaient cuites sur des pierres plates ou bien sur des plaques de schiste ou de molasse posées sur les braises.

Pour faire les bouillies de céréales et de glands, on introduisait des galets de quartzite (pierres réfractaires siliceuses ramassées sur les moraines glaciaires dans les Alpes cristallines) préalablement chauffés dans les braises et les cendre du foyer, dans une marmite, un pot en terre cuite ou une poche de cuir remplis d’eau. Avec cette méthode on arrivait à porter et à maintenir l’eau en ébullition (100°C).

NB : évidemment on ne mettait dans le feu, ou bien autour pour délimiter l’emplacement du foyer, que des pierres réfractaires sèches par exemple quartzite, granulite, etc. en effet on n’utilisait jamais des pierres gorgées d’humidité (galets der rivière), car elles sont dangereuses. Elles risquent d’éclater violemment et d’occasionner des blessures mortelles, par projection d’eau bouillante qu’elles renferment.

Pour allumer le feu, on utilisait le plus souvent morceau de silex frappé contre un autre de pyrite de fer, au-dessus d’un peu d’amadou sec. L’amadou sec se fabriquait à partir de champignons que l’on trouvait sous les souches et que l’on faisait sécher.Cependant qu’on utilisait également l’arc à faire du feu.

Le frêne et le bouleau étaient les meilleurs bois à brûler. De plus le frêne ne fait presque pas de fumée.

L’organisation du terroir

Le terroir de chaque village est organisé en auréoles concentriques d’intensité culturale décroissante au fur et à mesure qu’on s’éloignait du village. On faisait en fonction du moyen de transport (marche à pied, animaux de trait).

On trouve un peu le même type d’organisation collective en Afrique noire.

Ce système comprend :

Il s’agit ici bien entendu d’un système d’appropriation collective du sol par le village tout entier.

Le village et sa clairière culturale

Au centre du terroir defriche : le village

Avec ses jardins permanents enclos, chaque maison étant directement entourée par une ceinture horticole close de haie d’épineux, et ses parcs à bétail où l’on abritait les bêtes la nuit, en fait les maisons du village étaient parsemées dans une sorte de bosquet central constitué d’arbres utiles (pruniers domestiques, pommiers, cornouillers, poiriers, cormiers, chênes, cerisiers...) et qui constituaient également une sorte de bois sacré où on avait enterré les ancêtres fondateurs du village, etc.

On y cultivait également diverses sortes de légumes ou de fourrage sous le couvert des arbres fruitiers du verger : fraisiers, framboisiers, vesces, chénopode blanc, grande bardane, grande ortie, chaux sauvage, ail des ours, capselle, bourse à pasteur, pois, œillet, pavot (Papaves somniferum), pharmacopée, huile et condiments. Cette zone à proximité immédiats des habitats était passablement enrichie par divers déchets domestiques (excréments humains, cendres du foyer, etc.)

À la périphérie immédiate du village : l’infield (exploite individuellement)

Cette zone est essentiellement occupée par des cultures d’été : millet surtout, type Panicum miliaceum à très haute richesse en protéines, jusqu’à 18 %.

Puis par des cultures textiles : lin surtout, mais également du chanvre et du houblon. Ces plantes textiles cultivées non seulement pour leurs fibres mais aussi pour leur graine oléagineuse étaient épuisantes pour le sol et par conséquent ne revenaient que 1 fois tous les 7 ans sur la même parcelle.

Ces plantes annuelles poussaient sous le couvert d’un parc arboré de chêne assez dense (dont les branches touchaient presque), à ce sujet le millet commun est très intéressant par la particularité qu’il offre de pousser et de fructifier même sous un couvert forestier relativement dense.

Quant au chêne, cet espèce est très sociale de par son ombrage léger et ses racines très profondes, ils ne concurrencent guère les cultures qu’ils surplombent, ce qui le rend particulièrement apte à faire office de parc arboré, tout en donnant un produit supplémentaire : les glands et qui constituent un complément alimentaire très intéressant pour la qualité de la biomasse déchetuaire qu’il restitue par ses feuilles et la décomposition de ses racines mortes et qui se transforment en humus doux (mull).

Enfin les racines du chêne très profondes du chêne permettent de recycler des éléments minéraux lessivés et qui autrement seraient perdus par l’agriculture, sans parler des oligo-éléments solubilisés dans la roche mère et que le chêne remonte en surface au grand profit de la qualité du millet qui lui est associé.

Les racines profondes du chêne permettent également un drainage efficace des eaux qui autrement auraient tendance à stagner dans les couches superficielles du sol : le résultat est un réchauffement printanier plus rapide du sol (d’autant plus que la repousse printanière des feuilles de chêne est fort tardive) avec une meilleure implantation du millet (qui exige un sol bien réchauffé) et des cultures textiles.

L’infield est une zone de champs cultivés de manière continue, sans jachère, grâce à une fertilisation intensive par la biomasse déchetuaire du parc arboré de chênes d’une part, et d’autre part grâce à un transfert de fertilité dans l’espace.

Ce transfert de fertilité est essentiellement effectué par l’intermédiaire du fumier* accumulé dans les parcs à bétail et de la litière de résidus végétaux mulchés prélevés dans l’outfield, qu’il s’agisse de terreaux, de compost, de feuilles, etc...

(*Les fourrages prélevés par le bétail dans l’outfield sont recyclés et transférés dans l’infield sous forme de fumiers.)

Cependant qu’il ne faut pas sous-estimer le fait que l’infield lui-même entre pour une grande part dans son auto fertilisation : celle-ci provient à la fois du pâturage de l’infield après enlèvement des récoltes de millet, le cycle végétatif tu millet commun ne dure que 3 mois, mai-août, ce qui permet de faire pâturer de septembre à avril, et aussi de la biomasse déchetuaire des chênes, du millet lui-même, etc.

À l’exterieur de l’infield : l’outfield

Zone 1⁄2 forestière et d’utilisation collective, de tailles, de landes ou de garrigue selon le stade de repousse de la longue jachère forestière. Domaine de la culture temporaire sur brûlis ou essartage, après défriche par abattage du taillis et par le feu, mais avec maintien en place des souches du taillis essarté (qui favorise une repousse rapide du taillis), le champ défriché est cultivé 2 ans de suite (3 ans maximum) avant de retourner au taillis : c’est la jachère forestière sur essartage. Les céréales d’hiver y sont cultivées à la houe, blé en première année, puis orge la deuxième. 2 ans de culture pour 25 ans de jachère forestière, le défrichement annuel ne concerne que moins de 1/25 de la totalité du territoire de l’openfield.

L’auréole extérieure est aussi et surtout une zone de pâturage : qu’il s’agisse de parcage sur prairie temporaire, sur lande, garrigue, ou sous taillis, selon le stade de repousse de la jachère forestière, l’animal ayant pour fonction de concentrer, par ses déjections, la fertilité de cet outfield extensif sur l’infield intensif (Kraalages répétés sur l’infield, etc ; le kraal désigne l’enclos où les bêtes passent la nuit, qui permet de concentrer dans un petit endroit les excréments issus d’une très grande surface de pâturage).

Le troupeau de ces agriculteurs néolithique était essentiellement composé de bovins, mais aussi des équidés, des porcs, des moutons, etc.

L’outfield était également une zone de cueillette : en effet lorsque le champ est abandonné à la friche, il est rapidement envahi de plantes herbacées vivaces, ivraie, chiendent, brome mous, molènes, etc. qui sont pâturées par le bétail. Puis viennent des lianes et des arbrisseaux tels les ronces, les églantiers, les prunelliers, les cornouillers, etc. et enfin des arbustes et jeunes arbres avec des essences de pleine lumière comme les bouleaux, puis les noisetiers, les alisiers, les chênes, etc. et dont beaucoup sont des essences fruitières utiles.

Ces fourrés de recolonisation forestière portent le nom de fructicées : du latin frutex , arbrisseau, ils sont d’ailleurs constitués d’une majorité de rosacées à baies charnues comestibles (double origine étymologique avec le mot fructus, fruit).

Dans l’économie agro-sylvo-pastorale néolithique, la collecte et cueillette des végétaux spontanés et des baies sauvages a un rôle d’appoint non négligeable. La cueillette n’a jamais été abandonnée par les agriculteurs néolithiques, bien au contraire : l’alternance des boisements, des cultures et des déboisements, en créant un pâturage anthropique et plus varié avec des pâtures, des friches, des pré-bois clairs, des taillis, etc. ont contribué largement à augmenter le nombre des espèces sauvages comestibles. En effet, sous le couvert dense de la hêtraie (ou forêt climacique) il ne pousse pour ainsi dire rien. L’anthropisation a donc aussi favorisée l’expansion des noisetiers, par exemple, qui colonisent avec le bouleau (et l’aulne, etc.) les clairières et les friches des champs abandonnés à une longue jachère. Les ronces, lianes grimpantes s’y développent sur les tuteurs vivants constitués par les arbres et les repousses de taillis, et la fructification des chênes était également améliorée par les éclaircies effectuées par les défrichements périodiques.

On y cueillait également des framboises, des mûres, des fraises sauvages, des baies d’alise, de sureau et d’églantiers, et des faînes de hêtre (comestibles grillées). On y recueillait surtout des glands de chênes, des poires sauvages, les petites pommes sauvages, qui aiment à pousser en pleine lumière dans les jachères et surtout en lisière des forêts, et qui étaient également ramassées en grandes quantités dans la forêt située en lisière de l’openfield. Ces pommes sauvages étaient ramassées en grandes quantités également dans les bois des jachères forestières (taillis) et mises à sécher coupées en deux sur des claies. Cette préparation leur assurait une longue conservation et de plus, elle retirait l’acidité excessive de ces fruits sauvages (destruction des vitamines).

Le coqueret (Physalis alkékenge) : dans les fouilles les plus récentes à Twann (région de Berne) et à Clairvaux les Lacs (Jura) des quantités de graines de physalis attestent le goût marqué pour ces petits fruits charnus rouges luisants et riches en vitamine C (ils sont actuellement utilisés pour confectionner des bouquets secs pour la décoration).

Les produits fournis par le bouleau : le bouleau est une essence typique des lisières et des jachères forestières, l’expansion de cette espèce de pleine lumière est grandement favorisée par les défrichages et l’agriculture.

Le bouleau fournit une sève sucrée liquide et de goût agréable qui contient 1,5 à 2 % de sucres réducteurs. On procédait de différentes manières pour la récolter, mais on le faisait toujours en début de printemps, surtout pendant le mois de mars, lorsque l’arbre était en pleine sève montante.

Souvent on sciait une branche assez grosse, tout simplement : il peut ainsi s’écouler de 4 à 5 litres de sève par jour. Cependant pour les arbres que l’on désirait conserver sur place après le défrichement, on faisait attention de ne pas épuiser l’arbre : on ne récoltait alors pas plus de 2 l de sève/arbre/jour et après quoi on colmatait la blessure.

Parfois on faisait également un trou de 2 cm de profondeur, puis on y plaçait une tige creuse (paille de millet, de blé ou de roseau) qui dirigeait l’écoulement de la sève dans un récipient placé au pied de l’arbre.

NB : la saignée du bouleau est encore pratiquée en Russie. La sève sucrée du bouleau serait également un remède précieux contre les rhumatismes, la goutte et les calculs rénaux.

Le bouleau fournit également un aubier comestible, et feuilles et ramilles peuvent constituer un fourrage convenable pour les bovins, etc. Il donne aussi un bois de feu de 1ère qualité, il brûle en donnant une flamme claire et une chaleur intense.

L'écorce du bouleau constitue un isolant de qualité et aussi parce qu'elle est imperméable et imputrescible. On en a recouvert les toits des maisons et elle a servi de bordé pour les barques de pécheurs, et on en a même fait des vêtements imperméables et des chaussures. Les écorces de bouleau étaient pelées en mai-juin et assouplies par trempage dans l'eau.

NB : encore actuellement, l'écorce de bouleau permet la fabrication de chaussure Lapti finnois et russes, tous les pays nordiques ont d'ailleurs largement utilisé cette écorce à cause de son imputrescibilité et de son imperméabilité. On en a fait des vêtement, on en a revêtu les tentes des chasseurs et les toits des maisons des agriculteurs et recouvert les barques des pêcheurs, etc.

L'écorce du bouleau est riche en résine inflammables une fois séchée, elle brûle comme du papier, on l'utilisait donc fréquemment pour allumer le feu et les longs rouleaux serrés constituaient d’excellentes torches.

L‘écorce du bouleau permettait également grâce à son imperméabilité de fabriquer des vases en écorce de bouleau et dans les quels on recueillait justement la sève du bouleau.

La colle de bouleau ou bétuline, il suffisait de faire chauffer une poterie contenant de l'écorce de bouleau et de recueillir le goudron pour coller les lames de silex des faucilles dentelées et qui étaient tenus enchâssés dans la rainures des manches à l'aide de bourrelets de bétuline. La bétuline était également utilisée pour étanchéifier les récipients en écorce de bouleau et pour calfater les bordés des barques, etc.

Enfin le bouleau produit son inflorescences très tôt en saison (tout comme les aulnes, noisetiers, cornouillers «males»), favorisant le démarrage précoce et la ponte des colonies d'abeilles, de plus les chatons mâles riches en pollen viennent à propos combler «le trou fourrager» en fin de soudure hivernal.

NB : le bouleau est un arbre très peu exigeant à tous points de vus, il supporte aussi bien le froid st le chaleur que la sécheresse st l'humidité excessive, En Sibérie, c'est l’arbre qui se rapproche le plus près du pôle et constitue la foret «blanche» qui pousse à la lisière de la taïga.

NB : lors des défriches de jachère forestière, les bouleau n'était pas systématiquement abattu, dans la mesure où il est une espèce très sociale qui ne gène aucunement les cultures qui lui sont associées : son feuillage léger et son port dressé ne font que fort peu d'ombrage sur les cultures qu'ils surplombent, d'ailleurs le bouleau est même une espèce améliorante par les auxines (hormones de croissance) que ses racines excrètent pour le plus grand profit de la vis microbienne du sol environnant et dont il favorise la multiplication et tout en favorisant la croissance des plantes qui lui sont associées et notamment du trèfle blanc.

Enfin la sève du bouleau contient également une auxine et qui contribue très certainement beaucoup à son pouvoir thérapeutique.

Les arbres textiles

Le liber, c'est à dire le tissu végétal situé sous l'écorce et où circule la sève, du chêne, du tilleul, du saule, etc..…, était récolté en grandes lanières sur les arbres abattus lors de la défriche de la jachère forestière (ou dans la lisère) et mis à rouir pour en retirer une filasse épaisse et résistante, Cette filasse, cardée et nettoyé servait à faire des ficelles, des cordelettes et des nattes et des récipients cylindriques (sparteries spiralées), etc...

NB : chez les Lamoutes du Kentchaka en URSS, certains saules fournissent encore une étoffe grossière obtenue en raclant les «écorces» en fibres assez fines pour être tressées.

En France, à la fin du 16e siècle, Olivier de Serres avait déposé un brevet concernant l'utilisation des fibres d'écorce de mûrier (à soie) et qui donnèrent des cordages et des toiles d'une solidité à toute épreuve (l'écorce de mûrier donne effectivement des fibres très fines et très résistant analogues à celles du lin).

Ces agriculteurs néolithiques utilisaient donc de nombreux assortiments de textiles : fibres de lin, surtout, mais aussi des fibres d'orties, de chanvre et de houblon, la laine des moutons et enfin les fibres extraites du liber de chêne, de tilleul, etc...

Les feuilles de hêtres, les fougères et surtout le chiendent étaient ramassés pour servir de bourre à matelas, conjointement aux balles de céréale.

ZONE 4 : LA LISIERE : UNE QUESTION DE LUMIERE.

La lisière constitue une des zones maîtresse du terroir : par son étendue d’abord, car elle s’étend tout autour de la clairière culturale sur une couronne de plusieurs centaines de mètres de rayon, 300 à 500 m de rayon, et parfois même jusqu’à 1 km de rayon ; ensuite par la richesse de sa production de biomasse. L’abondance de la lumière donne à la lisière cette exubérance de végétation, qui favorise toute une chaîne écologique animale extrêmement riche, avec une profusion d’insectes, d’oiseaux, etc. et l’abondance de la biomasse déchétuaire végétale, conjointement à la grande quantité de déjections animales, favorise une fertilité optimale du sol, alors qu’en pleine forêt de hêtre, la pénombre des sous-bois ne permet qu’à quelques plantes d’ombre de résister. En effet, sous hêtraie, impossible d’avoir ni buissons, ni d’arbustes, ni de lianes, seulement quelques plaques souffreteuses d’orties jaunes, d’anémones parmi des fougères et quelques touffes de graminées jaunissantes poussant très difficilement à travers un tapis épais de brindilles et un océan de feuilles mortes.

La caractéristique essentielle de cette lisière aménagée de main d’homme, c’est qu’elle présente des frondaisons étagées et qui descendent progressivement en gradins vers le bas au fur et à mesure que l’on se rapproche de la lisière culturale et qui se termine par des buissonnements moutonneux : il est en effet hors de question que les arbres de haute taille versent directement leur grande ombre sur les abords des champs (à partir du moment où ce n’était pas du millet) et à fortiori lorsqu’il s’agit de l’extrémité de la lisière exposée au nord.

Enfin l’extrémité des bandes boisées, constituées par la lisière, était bordée de fossés qui étaient surmontés de talus pour protéger les champs des animaux (cochons, sangliers...). Par ailleurs les fossés étaient très utiles pour empêcher les racines traçantes de certains arbustes de s’étendre dans les couches superficielles du sol cultivé, et éviter toute concurrence avec les plantes cultivées : les fossés obligent les racines traçantes des arbustes à s’enfoncer dans le sol.

Au fond des fossés encore humides en été, des iris, des renoncules, des joncs et de la menthe.

Puis sur les talus les ombellifères et diverses graminées constituent la strate herbacée de l’ourlet.

Puis on arrive dans un inextricable fourré (fouillis) d’aubépines, de prunelliers, de genêts, d’ajoncs, de ronces et de clématites qui s’accrochent aux branches basses des arbustes pour grimper. C’est un fourré épineux très dense qui empêche de pénétrer directement dans le bois, à moins de trouver un chemin forestier. Ce fourré pré-forestier constitue la strate arbustive du manteau.

Plus loin on arrive dans la strate arborescente de la futaie ou du taillis sous futaie, qui est d’abord constituée d’espèces fructifères (cornouillers mâles, néfliers, pommiers et poiriers sauvages, cormiers, merisiers, noisetier,...) et enfin on arrive dans la chênaie qui constitue une sorte de pré-bois. Ici, de l’herbe est surplombée d’une forêt de forêt de chênes assez dense : il constitue la majeure partie de la litière, et s’étend sur une couronne de quelques centaines de mètres de rayon, il servait de pâture d’estive pour le bétail. La haute futaie de chênes maintient, par son ombrage léger, l’humidité pour des pelouses tout en donnant de l’ombrage au bétail pendant les heures chaudes de l’été, et pendant les périodes où il fait vraiment chaud, il s’enfoncera davantage pour aller se réfugier dans les frais ombrages de la hêtraie qui jouxte le pré-bois de chêne. En Automne, de fortes glandées (permises par un espacement suffisant entre les arbres) permettent au bétail, surtout porcin, de mettre en réserves sous forme de graisses un excédent de calories avant le plus fort de l’hiver.

NB : dans la nature beaucoup d’animaux s’engraissent spontanément avant l’hiver afin de pouvoir vivre ensuite sur leurs réserves de graisses et de glycogène. Les glands de chênes de la zone 4, contrairement à ceux de la zone 2, sont réservés à l’alimentation animale, le bétail va lui-même les fourrager sur place compte-tenu de l’éloignement de la futaie de chêne par rapport au village. D’ailleurs les chênes de la zone 2, sélectionnés et conduits en parc arboré, donnaient certainement une meilleure production.

Les prairies marécageuses : elles étaient également reléguées dans la zone de lisière. On y récoltait la macre (ou châtaigne d’eau) et les rhizomes du roseau commun, etc.

Les haies :

Elles constituent en quelque sorte un prolongement linéaire de la lisière au sein de la clairière culturale. L’analogie de la haie avec l’écosystème (biotope) de la lisière saute aux yeux : les grosses haies non entretenues depuis plusieurs années ressemblent étonnamment à ces fourrés préforestiers (ou fourrés de recolonisation forestière) qui envahissent spontanément les bordures de bois, avec un ourlet et un manteau* très développé.

* NB : le manteau est composé d’arbustes, d’arbrisseaux, et de rejets de souches plus ou moins rabattus en buissons à pacager, de jeunes arbres de semis et de ronces, etc.

Une bonne haie naturelle est constituée d’une association végétale multi-étagère en plusieurs strates herbacées, arbustive et arborescente.

Par exemple :

Tout en associant des essences utiles (mellifères, fourragères ou fruitières).

Les haies conduites de cette manière prolongeant dans la clairière culturale un effet de lisière très bénéfique à la richesse de l’écosystème : il suffit de voir le nombre d’espèces d’animaux et d’oiseaux qu’elles abritent !

Ces haies étaient utilisées dans la clairière culturale pour limiter la divagation du bétail dans les cultures :

  1. Elles enfermaient de chaque côté les couloirs de circulation du bétail et les chemins (qui étaient souvent spacieux et empierrés soigneusement) ;
  2. Elles délimitaient chaque zone de culture, séparant l’infield de l’outfield et isolant le bosquet central qui abritait le village ;
  3. Pour délimiter les champs cultivés par rapport aux zones réservées au pâturage communal, etc.

NB : L’existence de ces haies est attestée par les accumulations linéaires de pollens fossiles le long de l’emplacement de ces haies.

Évidemment le système de gestion collective du terroir notamment pour les pâturages communaux, facilitait grandement l’installation du bocage : il n’y a en effet rien de plus absurde que de devoir enclore de haie des parcelles de 20 ares, comme on le voit en Normandie, etc. au dépend de la croissance de l’herbe qui est alors mangée par les haies trop rapprochées.

ZONE 5 : LA FORET DE HETRES (CLIMACIQUE)

Après les périodes de glaciation du paléolithique, quand le réchauffement des temps actuels avait fait remonter les glaciations vers les pôles, les arbres forestiers, sortant de leur retraite méridionale, avaient à nouveau envahi les pays tempérés en vagues successives.

  1. Les essences de lumière de 12 000 à 9 000 av JC, bouleaux d’abord, puis aulnes et saules, ensuite pins, noisetiers et chênes, sorbiers, merisiers, etc. L’établissement de la chênaie et des autres espèces fructifères avait permis l’avènement des civilisations mésolithique basant leur économie sur la cueillette des glands de chênes et le ramassage des mollusques, crustacés, escargots...
  2. Puis l’invasion des essences d’ombre, dites sciaphiles, (qui ont besoin de vivre longtemps en sous-étage forestier pour pouvoir s’installer) hêtres et sapins, espèces asociales qui ont eu vite fait d’étouffer les espèces de lumière. Ce qui provoqua le recul des cultures mésolithiques dans la mesure où la forêt de hêtres, devenue climacique pour l’époque qui nous occupe, n’offrait que peu de ressources, car le hêtre, plante asociale par ses frondaisons trop denses, ne permet guère la croissance d’autres plantes sur les surfaces qu’il occupe. De surcroît, en tant qu’espèce sciaphile, il peut pousser en peuplement très serré.

Les faînes de hêtres, ramassées en octobre-novembre, permettaient de faire une huile très fine. Pour le ramassage des faînes, on étendait sous les plus beaux spécimens de grands draps et l’on secouait les branches à coup de gaules.

Les feuilles de hêtre fournissaient éventuellement un fourrage acceptable en été pour le bétail, et au mois d’août il y avait certes une production gigantesque de chanterelles, une véritable invasion de champignons sous les frondaisons épaisses des hêtres.

Mais ces ressources étaient très insuffisantes et il a fallu les grands défrichements opérés par la hache de pierre polie des agriculteurs néolithiques pour que les essences de lumière produisant du fruit puissent s’installer à nouveau, qu’il s’agisse d’espèces sauvages de chênes, noisetiers, pommiers, merisiers, cornouillers etc. ou d’espèces cultivées de céréales, pruniers domestiques, etc.

La productivité de ce système de culture agro-sylvo-pastoral

Les rendements de l’agriculture préhistorique sont difficiles à évaluer. Cependant, ils devaient être relativement élevés, comparativement à ceux que l’on a ensuite obtenu pendant les périodes historiques et ce pour plusieurs raisons :

  1. D’abord parce que le système de culture favorisait une fertilisation importante du sol. La culture de blé sur défriche de jachère forestière permettait un transfert de fertilité dans le temps très important, grâce à la biomasse déchétuaire accumulée pendant la période de jachère forestière et sans même parler des transferts de fertilité dans l’espace, réalisés par l’apport des déjections du bétail, etc. Même la perte de fertilité lors de la culture (2 ans) était largement compensée par la jachère forestière (25 ans), c’est-à-dire qu’autant d’humus était détruit que créé.
    Cependant, le fait de ne pas abattre tous les arbres sur défriche de jachère reste en faveur de la stabilité de la fertilité du sol : on conservait en place les essences utiles les mieux conformées, qui ne gênaient pas les cultures (chênes, qui profitaient de la lumière du à l’éclaircissage pour donner d’autant plus de glands, bouleaux, aulnes, etc.), ce qui permettait même pendant les périodes de culture de continuer à recycler les éléments fertilisants lessivés en profondeur, tout en continuant à produire une biomasse déchétuaire convenable sur place (humus), et l’absence de dessouchage permettait aux arbres coupés de repartir rapidement de souche, donc de reprendre leur rôle pour la fertilité du sol dès la mise en jachère.
  2. Cette technique de culture sur défriche de jachère très avantageuse à un autre point de vus : elle permet d'effectuer des semis très précoces : les brûlis ou essartage des troncs en tas était effectué en juin, de sorte que l'on pouvait commencer à semer du blé dès la St Jean (23 juin) et en raison du fait que l'essartage laisse un sol très propre, exempt d'adventices et ne nécessitant aucun travail d'ameublissement du sol, et d'ailleurs il fallait semer rapidement le blé après avoir épandu la cendre, sous peine de la perdre par lessivage.
  3. Ce système, et grâce au fait que la terre était exempte d’adventices, permettait de semer très clair et d’autant plus clair que l’on semait tôt, de sorte que les bonnes conditions d’implantations favorisaient un enracinement profond et dont la densité permettait une exploitation optimale des ressources du sol. Tout paraît indiquer que les champs de blé étaient sarclés au printemps à la houe et désherbés, ce qui a toujours été une opération importante pour le rendement, et ce jusqu’au moyen-âge.

Par la suite, l’incapacité à contrôler les adventices a dangereusement incité à augmenter considérablement les doses de semences et à multiplier les travaux de labours, alors que les labours différent les semailles, ou encore pire, imposent le système de jachère travaillée qui immobilise et stérilise le sol 1 an sur deux ou un an sur 3, selon qu’il s’agisse d’assolement biennal ou triennal, tandis qu’à semer trop serré pour « étouffer les adventices sous un excédent de végétation » il ne faut pas oublier qu’il n’existe pas de pire mauvaise herbe pour le blé que le blé lui-même. En effet, son indice de concurrence est plus élevé que le chiendent, et il se concurrence bien davantage lui-même qu’avec les adventices, aux dépend de sa vigueur de végétation.

NB : on admet que les cultures néolithiques pratiquaient le sarclage par l’étude des adventices qui poussaient dans le blé : renouée persicaire, laiteron âpre, chénopode blanc, liseron, capselle bourse à pasteur, mouron des oiseaux, petit ciguë, etc. autrement dit les graminées adventices qui poussent surtout à l’automne et au printemps, ivraie (rga –ray grass anglais), pâturins, etc. étaient absentes, c’est-à-dire que les blé était sarclé avant sa montaison.

Le blé n’était pas semé à la volée mais en ligne et graines par graines dans des sillons écartés, à faible profondeur, et ensuite soigneusement binés. Les rendements en blé d’hiver devaient osciller entre 250 et 500 à 600 fois la semence, en répandant 15 à 20 kg de semences par hectare, ils obtenaient jusqu’à 60 à 70 quintaux / Ha de blé.

À titre de comparaison et à partir d’exemples historiques, en particulier en Europe du Nord et en Scandinavie on sait que le rendement en seigle (mais qui n’était pas cultivé au néolithique) étaient en moyenne de 50 à 80 fois la semence sur brûlis, on cite même des rendements supérieurs à 100 et même 200 fois la semence, lorsqu’il s’agissait de semis très précoces et clairs. Tandis que les autres méthodes ne donnaient que 5 à 10 fois la semence, 15 à 20 fois la semence au maximum.

Dans les essarts, on semait beaucoup plus tôt, souvent en août et même plus tôt, l’essartage ne nécessitait aucune sorte de travail du sol, et beaucoup plus clair, c’est-à-dire que la moitié ou même le quart de la semence était habituellement épandue : par exemple pour le blé 50 kg de semences / Ha au lieu de 200 kg / Ha. D’ailleurs la grande richesse du sol sur friche de forêt faisait que le blé semé trop dru aurait versé.

Ce système de céréaliculture jardinatoire, pratiqué sur brûlis de jachère forestière, peut s’avérer finalement très productif.

NB : Voici les céréales cultivées :

  1. Froment (blé tendre d’hiver)
  2. Orge d’hiver à 6 rangs
  3. Blé poulard d’hiver variété « nonette de Lausanne »
  4. Millet commun panicum miliaceum
  5. Engrains------blés sauvages
  6. Amidonniers ------blés sauvages
  7. Épeautres------blés sauvages
  8. Orge d’hiver à 4 rangs

Les céréales constituaient certes de très loin l’essentiel des récoltes et il s’agissait d’une céréaliculture jardinatoire très soignée. Les produits de l’élevage étaient également très importants et il s’agissait surtout d’élevage bovin, et enfin toute une série de fruits sauvages ou cultivés : fraises des bois, merisiers, framboises, mûres de ronces, alises, baies de cornouillers et de cormiers, les blessons, c’est-à-dire les fruits des pommiers et poiriers sauvages, des néfliers. Les noisettes constituaient une des plus importante récolte : on trouvait des noisetiers un peu partout, dans les haies, la lisière et les taillis de jachère forestière, etc. Les faînes de hêtres, les prunelles, les glands, les prunes du prunier domestique ; et une quantité de champignons innombrables qui poussaient dans les sous-bois des futaies et des taillis de repousse de jachère forestière, cèpes, mousserons, chanterelles, morilles, etc.

Nous cachons, sous le vocable facile de préhistoire, l’ignorance que nous avons des temps où s’élaborait une grande civilisation rurale en Occident.

Le mélange heureux des clairières culturales en est le trait caractéristique et l’arbre était parfaitement intégré dans ce système agro-sylvo-pastoral, et en faisait le charme plein de douceur. L’étendue des défrichements nous permet d’entrevoir l’antiquité et la pacifique grandeur de cette civilisation rurale dont le système égalitaire avait favorisé une grande stabilité (sociale) dans le temps et l’espace. Sa prodigieuse durée se prouve par l’ampleur de sa réalisation matérielle. Cette civilisation rurale qui avait rempli les âges du néolithique et pris toute son extension à l’époque de l’âge du bronze, après avoir duré plus de 5000 ans, ne s’était interrompu qu’avec l’apparition de l’âge du fer, des armes meurtrières et de la guerre. Elle ne disparut que devant la longue épée de fer du Celte, qui imposa alors un régime servitude... dès lors avec les belliqueuses sociétés du Celte, un esprit de guerre et de conquête prévalut et l’harmonie fit place au chaos plein de situations conflictuelles, et dans une insécurité totale. Les Celtes venaient de cette région germanique qui reste, pendant plus de 20 siècles, un centre de dispersion de bandes conquérantes et d’énergies belliqueuses. Quant aux germains, et dont les gaulois ne furent qu’une sorte d’avant garde, ils vivaient surtout de chasse et de cueillette et ils étaient encore au stade d’une agriculture très élémentaire, qui était surtout pratiquée par les femmes. Déjà, donc, l’invasion gauloise marque, avec le début des temps historiques en Occident, le commencement d’une période de troubles et qui ne fit que continuer avec la conquête romaine et les invasions germaniques ultérieures (vers l’an 500).